Les tensions dans les relations algéro-françaises sont appelées tôt ou tard à s'apaiser ; certains dossiers sensibles, principalement celui de la reconnaissance des crimes commis par la France en Algérie durant la période coloniale, bloquent leur bon développement. Voici les principaux sujets évoqués par Jean-Pierre Chevènement dans un entretien accordé à l'APS. «Il y a une passion dans la relation franco-algérienne qui me parait positive et chargée d'avenir qu'il serait dommage de laisser s'éteindre en se teintant progressivement d'indifférence.» Ainsi, l'ancien ministre français et président de l'association France-Algérie a appelé les deux pays à surmonter leurs différends et rebâtir une relation solide. Accordant un entretien à l'Agence de presse algérienne à l'occasion de la tenue, samedi prochain à l'Assemblée nationale française, du colloque sur la coopération algéro-française, et les perspectives de son développement, il a appelé à «faire bouger les lignes entre la France et l'Algérie. Nous sommes deux grands pays qui doivent être capables, l'un et l'autre, d'assumer tout le passé et regarder ensemble vers l'avenir», affirmant «comprendre la mémoire douloureuse qui pèse sur les Algériens». «Elle l'est pour tous», a-t-il ajouté, soulignant que son origine «se trouve dans l'essence même du système colonial et son vice initial qui ont altéré durablement la relation entre nos deux pays». Sur sa lancée, M. Chevènement a estimé également que l'Algérie pourrait contribuer à travailler à cette amitié «par quelques décisions symboliques», «C'est un travail nécessaire, incontournable, patient, difficile. Sinon la mémoire douloureuse risque d'être instrumentalisée et de produire encore aujourd'hui des effets politiques irrationnels du point de vue des intérêts de l'Algérie comme ceux de la France (…) Plutôt que chercher la cause des faits loin en arrière et chez les autres, nous servirons mieux nos patries en nous tournant ensemble vers l'avenir et en regardant chez l'autre ce qu'il y a de positif, pouvant être mobilisé dans l'intérêt mutuel car il ne sert à rien d'entretenir les braises». Questionné sur la problématique de la reconnaissance officielle des massacres du 17 octobre 1961 et la recherche de la vérité sur cette répression dans le cas où il serait président de la République en 2012, le candidat Chevènement a répondu que déjà, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, il avait «mené une enquête sur ces évènements (…) Le caractère emblématique de cette manifestation, dans le contexte politique de l'époque, lui donne son poids et justifie qu'elle puisse devenir le symbole de la lutte des Algériens en France», a-t-il dit. Pour lui, «l'aveuglement des hommes qui ont commandé cette répression la rend encore plus odieuse. Des Français nombreux s'associent aux Algériens pour en commémorer le souvenir. On ne peut cependant séparer cette répression disproportionnée de tous les massacres qui ont endeuillé cette période paroxystique et dont il m'est arrivé d'être le témoin». La reconnaissance de ces faits, a-t-il dit, «fera progresser la conscience». Sur le dossier de la circulation des personnes entre la France et l'Algérie, l'intervenant a précisé que la cause du durcissement de la procédure est dû au détournement par certains des visas «pour nourrir une immigration irrégulière».