L'illustre écrivain libanais Amin Maâlouf vient d'être le récipiendaire du prix de la Fondation culturelle Sultan Bin Ali Owais. Un prestigieux prix qui est décerné depuis douze ans à un écrivain de talent. Le prix en question est doté de la coquette somme de 120 000 dollars. Ce prix a été attribué en hommage à son œuvre littéraire contemporaine remarquable. Pour la fondation organisatrice de cet événement, Amin Maâlouf incarne «une mémoire féconde qui a tant servi à mettre en lumière des pans entiers de l'histoire de l'Orient, en particulier l'histoire des Arabes et des Musulmans, dans un style narratif fluide et d'une grande pertinence. A travers ses écrits, il a jeté autant de passerelles entre l'Orient et l'Occident contribuant du coup à mieux faire connaître bon nombre de péripéties et faits qui ont jalonné l'histoire du monde arabe et islamique. Les Croisades vues par les Arabes, Léon l'Africain, Samarcande, Les Jardins de lumière et Le Rocher de Tanios sont parmi ses romans les plus célèbres. L'œuvre de Amin Maâlouf a émergé d'un lot de plus de 160 participants. Né à Beyrouth, les premières années de l'enfance d'Amin Maalouf se déroulent en Egypte, patrie d'adoption de son grand-père maternel. De retour au Liban, sa famille s'installe dans un quartier cosmopolite de Beyrouth, où ils vivent la majeure partie de l'année, mais passent l'été à Machrah, village du Mont-Liban dont les Maalouf sont originaires. Son père, journaliste très connu au Liban, également poète et peintre, est issu d'une famille d'enseignants et de directeurs d'école. Sa mère est issue d'une famille francophone et catholique, dont une branche vient d'Istanbul, ville hautement symbolique dans l'imaginaire d'Amin Maalouf, la seule qui soit mentionnée dans chacune de ses œuvres. La culture du nomadisme et du «minoritaire» qui habite son œuvre s'explique sans doute en partie par cette multiplicité des patries d'origine de l'écrivain, et par cette impression d'être toujours étranger : chrétien dans le monde arabe ou Arabe en Occident. Les études primaires d'Amin se déroulent à Beyrouth dans une école française de Pères jésuites. Ses premières lectures se font en arabe, y compris les classiques de la littérature occidentale, mais ses premières tentatives littéraires, secrètes, se font en français. Etudiant en sociologie et sciences économiques, il rencontre Andrée, éducatrice spécialisée, qu'il épouse en 1971. Il devient peu après journaliste pour le principal quotidien de Beyrouth, An-Nahr. Il y rédige des articles de politique internationale. La guerre civile éclate en 1975, obligeant la famille à se retirer dans le village du Mont-Liban. Amin Maalouf décide rapidement de quitter le Liban pour la France en 1976. Sa femme et leurs trois enfants le suivent quelques mois plus tard. Il retrouve en France un emploi de journaliste dans un mensuel d'économie. Ses premières esquisses littéraires n'aboutiront, à cette époque, à aucune publication. Ce n'est qu'en 1981 qu'il décroche son premier contrat d'édition avec l'éditeur Jean-Claude Lattès, pour Les Croisades vues par les Arabes qui sera publié en 1983. Il rencontre son premier succès de librairie avec Léon l'Africain en 1986, et décide de se consacrer à la littérature. Suivent ensuite les romans Samarcande le poète et savant persan Omar Khayyam et Les Jardins de lumière sur le prophète Mani qui le consacrent comme une figure importante du roman historique d'inspiration orientale. Le Premier Siècle après Béatrice en 1992 est un roman d'anticipation, atypique qui porte un regard inquiet sur l'avenir de la civilisation. Il obtient en 1993 le prix Goncourt pour Le Rocher de Tanios, qui a pour décor les montagnes libanaises de son enfance. C'est à cette époque qu'il prend pour habitude de se retirer plusieurs mois par an dans une petite maison de pêcheur, sur l'île d'Yeu, pour y écrire. Dans Les Echelles du Levant, en 1996, il parle pour la première fois de la guerre du Liban qui l'a contraint à quitter son pays d'origine. Le Liban sera à partir de cette époque un thème de plus en plus présent dans son œuvre. Il publie en 1998 son deuxième essai, Les Identités meurtrières pour lequel il obtient, en 1999, le prix européen de l'essai Charles Veillon. Il s'essaye ensuite pour la première fois à l'écriture de livret d'opéra, avec L'Amour de loin pour la compositrice finlandaise Kaija Saariaho. L'opéra est créé en août 2000 au festival de Salzbourg. Il rencontre, lors de sa tournée internationale, un bon accueil du public et de la critique. Sa collaboration avec Kaija Saariaho se poursuit et aboutit à la création de trois autres opéras, dont le dernier, Emilie, a été créé en 2010 à l'opéra de Lyon. Son dernier roman à ce jour, Le Périple de Baldassare est publié en 2000, l'auteur se consacrant plutôt depuis à la rédaction d'essais (Origines en 2004, et Le Dérèglement du monde : Quand nos civilisations s'épuisent en 2009). En 2007-2008, il a présidé, pour la Commission européenne, un groupe de réflexion sur le multilinguisme, qui a produit un rapport intitulé «Un défi salutaire : comment la multiplicité des langues pourrait consolider Europe».