Avec la décision du Groupe de prendre en charge la caution de garantie, condition sine qua non de la BEA pour débloquer le crédit nécessaire à la mise en route de la 1e phase du plan d'investissement, le dossier ArcelorMittal prend une toute autre tournure. Avant de l'être pour l'institution financière algérienne qui confirme sa vocation de banque d'affaires avec pour base la loi de la commercialité, l'avantage de cette décision se situe dans la réhabilitation de l'outil de production. Ce qui, du reste, est la seule et unique préoccupation des travailleurs et de leurs représentants. En décidant de dégager à partir d'une des banques européennes la caution de garantie de 120 millions de dollars et de la transférer sur la BEA au titre de garantie du crédit, le grand patron du Groupe leader mondial de l'acier a démontré que les gesticulations de son représentant à Annaba n'ont pas servi à grand-chose. Le résultat a été totalement à l'opposé de celui attendu d'un chantage au dépôt de bilan. Il avait été avancé sous la forme d'un dossier de cessation de paiement à prétendument introduire auprès du tribunal d'El Hadjar (Annaba). Les représentants de la presse dans leur ensemble ont été conviés à ce qui paraissait être le hallali contre les hésitations et les reculades du gouvernement algérien. Vincent le Gouic, le directeur général ArcelorMittal Annaba prenait le soin de souligner, à chaque fois, que les deux partenaires sa société et le gouvernement algérien travaillent dans le sens du déblocage de la situation. Celle-ci, durait depuis le mois de mars 2011, date du dépôt du plan investissement. «Jusqu'au mois de mai, nous n'avons fait qu'enregistrer des signaux positifs du côté des décideurs algériens quant à leur accord de principe sur la mise en route du plan d'investissement que nous leur avons soumis. Depuis, plus rien» se plaisait-il à répéter devant les gens de la presse à chaque fois que l'occasion lui été donnée de s'exprimer. C'est ce qu'il avait réitéré devant les syndicalistes pour créer davantage de pression. Déclaration jugée de trop par le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui n'a pas manqué de le dire clairement. Mieux, éventant les insinuations du partenaire étranger portant sur une cessation de paiement synonyme de dépôt de bilan à court terme, il dira : «Nous ne permettrons pas la fermeture du complexe sidérurgique». Il a été suivi par le directeur général de la BEA qui signifiera aux responsables d'Arcelor que son seul souci est la sauvegarde des intérêts de son institution et qu'il serait intransigeant en terme de relation de banque à client. Ces deux sorties de hauts responsables algériens ont servi de sirène d'alarme à ceux qui tiraient les ficelles pour traire autant que faire se peut la vache à traire que représentait l'Algérie. Le sérieux de l'alerte était tel que moins de 24 heures après la mise en garde du Premier ministre algérien, Lakshmi Mittal le big-boss du groupe ArcelorMittal se crut obligé de démentir tout dépôt de dossier de cessation de paiement ou de dépôt de bilan. Son démenti a été repris quelques heures plus tard par son représentant à Annaba interviewé par la télévision algérienne. Puis ce fut l'avalanche de déclarations de bonnes intentions et de dispositions financières à partir du siège du Groupe au Luxembourg. Le transfert immédiat de 120 millions de dollars d'une banque européenne vers la BEA. Il s'agissait de la garantie demandée par cette dernière pour débloquer le crédit demandé par AMA d'un montant de 500 millions d'euros nécessaires à la mise en route de la 1re phase du plan d'investissement. Mieux, le grand patron au Luxembourg ordonna d'injecter 105 millions de dollars au titre d'augmentation du capital social de sa filiale en Algérie. Pour ce faire, Vincent le Gouic avait été convoqué au siège du Groupe pour l'élaboration d'un contrat type à présenter pour signature avant la fin de ce mois. A cette augmentation, participera pour 45 millions de dollars, le groupe Sider actionnaire à 30% à ArcelorMittal Annaba. La démarche du groupe luxembourgeois devrait être complétée par des négociations sur la 3e phase du plan d'investissement global. Du côté des syndicalistes, l'on estime qu'il s'agit là d'une grande victoire des travailleurs qui avaient multiplié les actions à même de leur permettre de défendre leur outil de travail. Smaïl Kouadria, leur secrétaire général le souligne : «c'est une grande victoire qui va nous permettre de mieux appréhender l'avenir de la sidérurgie algérienne. Ces décisions du groupe vont débloquer la situation qui, ces derniers jours, avaient atteint un niveau de pourrissement alarmant».