Depuis la veille du Nouvel An et jusqu'à ces derniers jours, profitant du temps propice, les navigations en mer, se sont multipliées sur les plages de Annaba avec des tentatives d'immigration clandestine à destination de la rive nord de la Méditerranée. Principalement les côtes de la Sardaigne où selon des informations concordantes, auraient débarqué des centaines de jeunes algériens dont la quarantaine ces dernières 48 heures. Au péril de leur vie, ils n'avaient pas hésité à tenter l'aventure en utilisant, avec la complicité des pêcheurs passeurs, des embarcations artisanales munies, chacune, d'un puissant moteur et d'un système de guidage satellitaire (GPS). Ils étaient des dizaines de candidats à la périlleuse aventure à prendre le départ à partir d'une des plages de Annaba en passant par celles de Sidi Salem (El Bouni) et de Chatt dans la wilaya de El-Tarf. Tous étaient déterminés à tout faire pour atteindre un des pays d'Europe où chacun croyait dur comme fer découvrir «l'Eldorado». Préalablement, avant de monter à bord d'une des frêles embarcations mises à leur disposition par le passeur, tout passager devait s'acquitter obligatoirement de la somme de 80 000 DA à verser au propriétaire au titre de droit de place et de passage. Ce fut le cas pour ceux qui les avaient précédés. Cependant, beaucoup seront engloutis corps et biens avant qu'ils ne soient rejetés par la grande bleue. D'autres interpellés par les gardes-côtes italiens finiront dans un centre de transit en Sardaigne dans la perspective de leur expulsion vers leur pays. Il y a ceux dont les parents n'en entendront plus parler. C'est le cas d'une quarantaine d'entre eux qui avaient profité de la «mer belle à peu agitée» lancée par la météo ces derniers jours pour tenter de répondre à l'appel des gardes-côtes via le grand large. Depuis, leurs parents, proches et amis sont sans nouvelles. Et si bon nombre de mères et pères de haragas gardent espoir de recevoir un appel de leur progéniture quelque part à partir d'une ville italienne, cinq ont la certitude qu'ils ne reverront pas leur fils ou frère. «Ils ont pris place dans la même barque la nuit du mercredi à jeudi 4 janvier à destination des côtes italiennes. Ils avaient promis de nous téléphoner dès leur arrivée dans une ville italienne. Depuis, nous sommes sans nouvelles. D'autres partis le même jour ont été plus chanceux puisqu'ils ont pris attache téléphoniquement avec leurs proches au pays», dira Abdenour, un frère des 5 immigrants clandestins affirmant habiter la Caroube. Il a précisé que depuis la nuit du réveillon de la sainte Sylvestre, des dizaines d'embarcations ont pris la mer avec à bord des dizaines de jeunes dont des mineurs à destination des côtes italiennes. Tout porte à croire que la vigilance des gardes-côtes a été prise à défaut. C'est le cas de le dire et ce, bien que ces derniers aient multiplié les patrouilles en mer pour n'intercepter que quelques uns des haragas. Selon nos sources, les disparitions seraient beaucoup plus importantes que celles révélées. D'autant que bon nombre de candidats à l'immigration clandestine à partir d'une des plages de Annaba et de chatt vers l'Europe sont issus des wilayas limitrophes (Guelma, Souk-Ahras, Skikda,Tébessa). L'association des parents des haragas disparus que préside M. Benabed semble avoir perdu du terrain. A ses débuts, cette association avait fait un excellent travail de recherche. Certains de ses membres s'étaient déplacés jusqu'en Tunisie et en Libye. Ce qui leur avait permis de découvrir que des jeunes algériens haragas interceptés en haute mer croupissaient dans des geôles tunisiennes ou libyennes. Apparemment leurs investigations semblent avoir dérangé le haut lieu de la politique. Ce que prouverait du reste le silence total qui avait entouré chacune des démarches entreprises par cette association au niveau des ambassades algériennes dans ces deux pays. Même les multiples correspondances et preuves matérielles adressées au président de la République, Chef du gouvernement, ministre de l'Intérieur et des Affaires étrangères quant à l'emprisonnement de plusieurs haragas interceptés en mer, n'ont pas eu de suite. Les disparitions enregistrées ces derniers jours, notamment celles de cinq de ces immigrés clandestins arriveront-elles à dépoussiérer ce dossier à l'heure du rapprochement politique de l'Algérie avec ses deux voisins de l'Est. La question reste posée même si les responsables italiens démontrent un certain humanisme dans l'approche de ce dossier immigration clandestine à partir des pays de la rive Sud de la Méditerranée.