Statu quo à propos de la crise syrienne. Les prédateurs, dont toutes les cartes ont été brouillées par le double veto sino-russe, ne savent plus sur quel pied danser. Enième tentative après avoir déployé tous les efforts pour créer une guerre civile et toutes formes de subversion, on bascule d'une stratégie à une autre. Parfois, on évoque les méthodes «douces» : aide humanitaire et tout le blablabla qui s'ensuit. Parfois, on hausse le ton et les tâtonnements vont bon train. Dernière initiative en vue : les Etats-Unis ont défini les grandes lignes d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU demandant l'accès sans entrave aux agences humanitaires dans plusieurs villes de Syrie et appelant à la fin des violences, rapportent des diplomates occidentaux. La nouvelle a été annoncée mardi dernier, lors d'un point de presse, par Bernard Valero, le porte-parole du Quai d'Orsay, qui avait aussi émis l'espoir que la Russie et la Chine ne s'y opposeraient pas. Et pourtant, ce sont ces mêmes Américains, soucieux de la variable «humanitaire», qui se démêlent comme des diables pour semer le désordre dans le monde arabe. Dans cette course folle, des remaniements sont à chaque fois opérés au sein de leurs vassaux ; l'émule est ouvert à tout «candidat» en quête de leadership dévoué à ses maîtres. Après l'écartement de Moubarak et Ben Ali, estimés trop vieux pour assurer leur nouveau rôle, c'est le gros prince du petit Qatar qui est propulsé sur la scène, en attendant le naufrage du vieux monarque d'Arabie saoudite. Dans ce contexte, certaines sources avancent que Washington n'est pas satisfait du rôle de l'Arabie saoudite dans les évolutions dans la région et cherche à la démembrer et que le Qatar est le porte-parole des Etats-Unis dans la région. Cela dit, il faudrait compter avec un autre concurrent dans la région, si l'on se réfère aux propos du vice-président du Parti travailliste turc, Hassan Basri Ozby. Ce dernier a déclaré récemment que l'actuel gouvernement turc, dirigé par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, était le chef de file du projet du Grand Moyen-Orient que les pays occidentaux, dont en tête les Etats-Unis, cherchaient à mettre en œuvre dans la région. «Ce gouvernement a signé des accords secrets avec les Américains et il n'est pas étrange qu'il accueille des terroristes sur les territoires turcs», a-t-il déclaré dans une interview accordée mardi à la télévision arabe syrienne. Par ailleurs, il a qualifié les mesures qataries et saoudiennes contre la Syrie, en particulier l'appel à l'appui aux groupes terroristes, de «commandes américaines d'appliquer des projets diaboliques visant à émietter la région et à y semer les hostilités». Enfin, ne serait-il pas curieux, quand même, que tout ce «beau monde» se bouscule pour apporter son aide humanitaire aux Syriens alors que pas plus tard que cette semaine, la direction palestinienne a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de se rendre dans les territoires palestiniens occupés dès que possible pour constater les effets de la politique de colonisation sioniste ? Trop compliquée cette cause palestinienne pour pouvoir la traiter au sein d'un «club humanitaire», non ?