La galerie Baya du palais de la Culture Moufdi-Zakaria à Alger accueille, depuis mercredi dernier, une exposition de calligraphie, signée Smaïl Metmati. Cette exposition de calligraphie qui se clôturera le 24 mars prochain se targue de contenir une centaine d'œuvres, exécutées aux lettres de l'alphabet amazigh, en l'occurrence, le tifinagh. Un clin d'œil est à l'honneur avec toutes ces peintures et ces gravures rupestres des sites archéologiques propres aux régions sahariennes. Le plasticien Smail s'inspire toujours dans son travail des célèbres poètes algériens amazighophones, dont, entre autres, l'illustre Si M'hand U M'hand. Dans la totalité de ses productions, l'artiste se plaît à mette en exergue l'amour, la beauté, le pays, la paix ainsi que la nostalgie. Ce professionnel utilise «el qalam» (plume traditionnelle taillée dans le roseau) pour garder toute son authenticité à l'art de la calligraphie, «sans pour autant s'empêcher de recourir à d'autres matériaux comme la peinture à l'huile, l'acrylique, la terre, l'argile et l'enduit dans un souci d'innovation, et pour donner une touche contemporaine à l'œuvre». Cette exposition regorge de lettres, de mots ou de phrases entières avec diverses dimensions. Des phrases qui sont inspirées de notre culture : des proverbes, des poèmes en tamazight conçus d'une façon esthétique et artistique. A la question de savoir pourquoi l'écriture calligraphique accuse un retard considérable, l'artiste estime qu'on ne peut pas entrer dans les détails : «C'est très compliqué. Cela remonte à très loin dans l'histoire de l'Afrique du Nord qui a connu beaucoup de civilisations qui sont passées par là. A part les transcriptions rupestres au Tassili, nos ancêtres n'avaient pas sur quoi transcrire. Mais ce que j'ai trouvé comme caractère, je l'ai gardé et je l'ai développé artistiquement avec ma plume. Chaque lettre, je lui ai donnée ses mesures avec la pointe du qalem (la plume)». Smail Metmati est né en1964 à Tazmalt, dans la wilaya de Béjaïa. Il est diplômé de l'Ecole des beaux-arts d'Alger depuis 1987. Il a découvert durant son cursus à l'ESBA que la calligraphie arabe, chinoise et d'autres calligraphies prédominaient à outrance. C'est ainsi qu'il s'est intéressé à la calligraphie berbère en entamant des recherches sur le tifinagh, une écriture qui exprime l'identité et la culture berbère. Il s'est même rendu dans le grand Sud pour approfondir davantage cette passion naissante. Il comprend très vite que l'écriture berbère existe réellement avec ses caractères. Une fois le diplôme en poche, Smail Metmati a travaillé comme enseignant, avant d'être encadreur dans plusieurs ateliers de formation, plusieurs rencontres culturelles à l'échelle nationale et internationale. L'artiste reconnaît que sa réussite s'explique par son exposition en France en 2003 dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France. A cette occasion, les Français, les Européens et les visiteurs de toutes nationalités confondues ont découvert pour la première fois dans leur vie la calligraphie berbère. «Je me suis senti très fier des exploits réalisés à cette occasion», avait-il dit à l'époque.