Les ministres des Finances de la zone euro se sont mis d'accord vendredi pour porter la capacité d'intervention totale des fonds d'urgence à 800 milliards d'euros, afin de contrer la crise européenne et gagner du temps. Des discussions qui laissent toutefois de côté les solutions envisagées à plus long terme. Les ministres des Finances de la zone euro se sont mis d'accord vendredi pour porter la capacité d'intervention totale des fonds d'urgence à 800 milliards d'euros, afin de contrer la crise européenne et gagner du temps. Mais cette discussion ne parle pas des solutions envisagées à plus long terme. Quel modèle économique choisir à la place des politiques et des citoyens ? L'Europe doit encore trouver le juste équilibre pour ses finances N'en déplaise aux experts optimistes, l'Europe ne sortira de la crise actuelle que si elle arrive à trouver le juste équilibre pour ses finances. Cet équilibre ne pourra venir que de la renonciation partielle au modèle social, solution préconisée par Mario Draghi (président de la BCE), du défaut, chemin emprunté par la Grèce et l'Irlande pendant que se prépare l'arrivée du Portugal et de l'Espagne, de l'austérité, à laquelle nous devrions faire rapidement face, ou de la création d'une Europe fédérale dans laquelle les transferts budgétaires et la dévaluation de l'euro réduiraient l'étau de la dette abyssale. Les mathématiques économiques sont affolantes. La dette globale des pays membres de l'OCDE (tout agent confondu) avoisine les 400% du PIB (sans compter les «cadavres» cachés dans les bilans des banques et des compagnies d'assurances). Cette dette pour les Etats augmente avec un taux de croissance égal à la différence entre l'équilibre budgétaire primaire (en déficit en France), le taux de croissance et le taux de rendement de la dette (taux d'emprunt) exigé par les marchés financiers. Le surplus primaire pour maintenir la dette à son niveau actuel (c'est-à-dire sans supposer le remboursement de celle-ci) devrait être égal à la différence entre le taux d'intérêt et le taux de croissance. En supposant que les taux d'intérêt restent à leurs niveaux actuels, le surplus primaire devrait couvrir la résorption des déficits actuels (environ 3% en étant optimiste), et couvrir la décroissance induite par les plans d'austérité dus à cette résorption. L'Europe, si elle ne dévalue pas l'euro, devra baisser les salaires Les économistes s'accordent sur le fait que pour un pays qui ne dispose pas des armes de la dévaluation de la monnaie (ce qui est le cas de la zone euro aujourd'hui, et qui devient de moins en moins possible compte tenu de la guerre des monnaies qui se met en place aujourd'hui, de la situation de surendettement de tous les pays développés, Chine y compris, et de la baisse des taux (actuellement quasiment à zéro), une baisse du déficit de 1% se traduit par une baisse de la croissance de 2%. Par conséquent, les Etats du Sud (et la France ne fait pas exception) devraient générer des surplus primaires de l'ordre de 10% pour maintenir le niveau de la dette. À ce surplus primaire que devront supporter nos concitoyens (français et européens), s'ajoute la nécessité de résorption de la balance commerciale (extrêmement déficitaire depuis 10 ans et financée par la générosité des taux inadéquatement bas dans la zone euro durant cette période). Ce problème nécessite à lui seul une baisse des salaires dans les pays du Sud (y compris la France) d'une vingtaine de pourcentages. Ce déficit devient de plus en plus difficile à financer. La preuve en est dans les déficits de financement cumulés au sein de la BCE, qui inquiètent le président de la Bundesbank (Banque nationale allemande) et qui le poussent à exiger des garanties sur l'or des pays du Sud.