Les ministres des Affaires étrangères du Niger, de la Mauritanie et de l'Algérie, représentée par son ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, se réunissent aujourd'hui à Nouakchott pour l'examen des derniers développements survenus au Mali. Les partenaires de la stratégie adoptée et mise en place par les pays du Sahel, tiennent à Nouakchott leur réunion sur le Mali dont les conséquences de la crise libyenne qui seront tout autant au menu. Les bouleversements survenus dans ces deux pays portent ces derniers sur la voie des risques des lendemains incertains aux effets dépassant les frontières du Mali et la Libye. L'ensemble de la région et l'espace du Sahel sont en effet menacés par la teneur des conséquences directes et indirectes induites par l'instabilité politico–sécuritaire en Libye accentuées par les nouveaux évènements survenus au Mali. Les présents à la réunion de Nouakchott par leur lecture et leur examen de la situation critique que traverse notre voisin du Sud, le Mali, sont appelés à dégager la voie à même de leur permettre de peser sur le cours des évènements à venir. Qu'il s'agisse des efforts politiques en direction de la scène malienne ou des initiatives déjà en cours, pour ne citer que celle entreprise par les pays de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Ceci d'autant plus que la crise malienne se situe à divers niveaux et à de multiples facettes. Crise politique et institutionnelle suite au coup d'Etat des militaires du 22 mars dernier, s'en suit la proclamation de l'indépendance d'une partie du pays, l'Azawad , la présence et les activités de groupes terroristes, la circulation d'armes intensifiée par la crise libyenne, le sous développement du pays notamment au nord du Mali, le trafic d'armes et la contrebande… La crise libyenne et la situation qui y prévaut et de surcroît l'incapacité avérée du Conseil de transition à mettre fin au phénomène des armes, affiché dans les villes libyennes, ont constitué des facteurs externes du cours des évènements survenus au Mali. Aussi, les plans traduisant les visées géostratégiques de certaines puissances, en particulier, Washington et Paris en direction de la région du Sahel et de l'Afrique en général, ne sont pas en marge de ce qui se passe en Libye et au Mali. Le rôle joué par l'Otan et la coalition occidentale dans la guerre en Libye commence à révéler ses réels objectifs escomptés par l'adoption des membres du Conseil de sécurité de la résolution 1973 sur la Libye. L'intervention de l'Otan en Libye dépassant la simple mission de l'exclusion de l'espace aérien et loin des projecteurs des médias était d'un grand apport en fournitures en armes de tout type aux opposants libyens à l'ex-régime de Khadafi. Ce qui a ouvert la voie à l'intensification et la circulation des armes hors des frontières libyennes pour atterrir aux mains des groupes terroristes et des réseaux de tout type de trafic. Toute instabilité politico-sécuritaire qui dure conduit à moyen et long terme à une situation chaotique. L'ancien responsable de la DGSE, Alain Chouet a minimisé hier dans ses déclarations sur les colonnes de Paris Match le rôle de l'Otan en Libye. Pour Alain Chouet «la guerre civile malienne, c'est la conséquence directe de nos interventions en Libye». Suite à quoi, il rebondit sur la rébellion touarègue au Mali, faisant fi de la présence non fortuite de certains de ses représentants et depuis longtemps à Paris. «Les racines de la rébellion touarègue existent depuis longtemps», indique Alain Chouet, «mais la grande différence à présent» selon lui, est que «ce sont des centaines d'ex-mercenaires de Kadhafi avec leurs armes et missiles qui sont revenus au pays et qui cherchent à gagner leur croûte». Déclaration de l'ex-responsable de la DGSE qui, tout en minimisant le rôle de l'Otan et son impact en Libye revient pour relever le retour «d'ex- mercenaires de Kadhafi» munis d'armes de tout type sans évoquer les raisons qui ont conduit à leur abondance dans l'espace libyen. Les rivalités d'intérêts qui subsistent entre Washington et Paris en direction de la région du Sahel riche en sources naturelles et de par sa position géostratégique, ne seront pas en marge du cours des évènements au Mali. A cela vient s'ajouter le rôle de pays du champ en direction de la crise malienne et au premier plan l'Algérie, déterminée à jouer toujours de par sa position géostratégique dans cette partie de la région, le rôle pivot. Qu'il s'agisse sur le plan local à travers les pays du champ, sur le plan africain et par conséquent sur le plan international. Ceci d'autant plus que les risques induits par le cours des évènements au Mali qui viennent alourdir ceux de la crise libyenne, interpellent Alger à consentir davantage d'efforts à divers niveaux dont ceux visant au renforcement de la sécurité de ses frontières et à protéger son intégrité territoriale.