Le front semblait calme hier à la frontière entre les deux Soudans, après trois jours d'intenses combats faisant craindre une nouvelle guerre entre les deux voisins que le G8 a appelés, à son tour dans la nuit, à la «retenue». Les ministres des Affaires étrangères du G8 — Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie —, réunis jeudi à Washington, ont dans leur communiqué final appelé le Soudan et le Soudan du Sud à faire preuve de «retenue maximale» et à la «fin immédiate des bombardements des zones civiles». Sur le terrain, les forces en présence semblaient attentistes hier , mais restaient sur leurs gardes, alors que ces derniers jours, le Nord et le Sud n'avaient jamais été si proches d'une guerre totale depuis la fin en 2005 des décennies de conflit civil qui les ont opposés. Cette possible escalade dans les affrontements s'était accompagnée d'une escalade verbale entre les dirigeants des deux pays, les présidents des deux Soudans s'accusant mutuellement à distance d'avoir choisi la guerre. Ces déclarations avaient suscité de nouveaux appels à la négociation de l'ONU et de l'Union africaine (UA), notamment. A Khartoum, hier, le porte-parole de l'armée soudanaise, Sawarmi Khaled Saad, a indiqué que la contre-offensive promise pour reprendre la zone pétrolière contestée d'Heglig, dont s'est emparée mardi l'armée sud-soudanaise après en avoir chassé les troupes soudanaises, n'avait pas commencé. La zone d'Heglig est d'autant plus stratégique pour Khartoum qu'elle représente la majeure partie de sa production de brut, depuis que le Soudan du Sud indépendant a récupéré en juillet les trois-quarts des réserves pétrolières du Soudan d'avant la partition. L'ONU, l'UA et l'Union européenne (UE) ont à nouveau appelé jeudi soir le Soudan du Sud à évacuer Heglig. Plus tôt, Juba avait posé plusieurs conditions fermes à un retrait de ses forces de la zone. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA a qualifié jeudi soir d' «occupation illégale et inacceptable» la présence des troupes sud-soudanaise à Heglig, que Juba considère comme faisant partie de son territoire.