Ahmed Chafik, l'ex-Premier ministre de Hosni Moubarak, et l'islamiste Mohamed Morsi se disputeront la présidence égyptienne au second tour de l'élection présidentielle qui aura lieu les 16 et 17 juin prochain. Si Mohamed Morsi compte sur les autres partis islamistes pour l'appuyer, Ahmed Chafik a préféré s'adresser directement au peuple, en leur faisant savoir que leur révolution a été volée. La bataille du second tour a déjà commencé et en cas de victoire de Mohamed Morsi, les islamistes mettront main basse sur l'Egypte. Ahmed Chafik a indiqué dans une conférence de presse qu'il s'engage à préserver les acquis de la révolution et de rétablir la sécurité. «On vous a volé votre révolution», a-t-il déclaré en s'adressant à un groupe de jeunes. «Je m'engage à déposer entre vos mains les fruits» de la révolution. Selon cet ancien général, considéré comme un cacique de l'ancien régime, «on ne peut pas revenir en arrière», ce qui ne veut pas dire qu'il faut laisser le pays «être aspiré par le chaos». Il s'en est pris indirectement aux Frères musulmans, jouant sur la peur de la minorité copte et des libéraux laïques en cas de victoire du candidat islamiste à la présidentielle. «Personne ne doit être exclu ou marginalisé», a-t-il dit. «Chacun à le droit de faire partie de la nation égyptienne » a-t-il martelé. Il a même appelé les jeunes révolutionnaires du 6 Février à voter pour lui pour instaurer la démocratie et rétablir la sécurité. Les Frères musulmans ont affirmé, vendredi, que leur candidat Mohamed Morsi était arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle en Egypte devant Ahmed Chafik, contre lequel ils ont immédiatement entrepris d'unir les forces hostiles à l'ancien régime, indiquant qu'ils voulaient sauver la révolution et appelant l'ensemble des islamistes à faire bloc devant l'ex-Premier Ministre Ahmed Chafik. Selon un membre de la confrérie, des invitations ont été adressées aux candidats éliminés au premier tour afin de discuter sur la désignation du vice-président et la composition d'un futur gouvernement de coalition en cas de victoire. Parmi les personnalités conviées à ces pourparlers, figureront Abdel Moneim Aboul Fotouh, autre candidat islamiste précédemment exclu de la confrérie, et Hamdine Sabahi, représentant de la gauche nassérienne, a dit Yasser Ali. Sans appeler explicitement à voter en faveur de Mohamed Morsi, Abdel Moneim Aboul Fotouh a d'ores et déjà exprimé l'intention de participer «au front uni contre les symboles de la corruption et de l'oppression»». La commission électorale pourrait ne pas annoncer les résultats officiels avant mardi, mais un juge de haut rang participant à la supervision du scrutin a confirmé que sur la base de 90% des bureaux de vote, Mohamed Morsi et Ahmed Chafik, ancien chef de l'armée de l'air sous Moubarak, étaient en tête. En somme, l'élection de Mohamed Morsi donnerait l'ensemble des pouvoirs aux islamistes qui contrôlent déjà l'Assemblée nationale. Contesté non seulement par les islamistes mais également par les révolutionnaires, Ahmed Chafik enflammerait de nouveau l'Egypte en cas de victoire.