Le haut fourneau n°2 du complexe sidérurgique ArcelorMittal El-Hadjar a redémarré jeudi dernier, entamant aussitôt la production des coulées de fonte indispensables aux laminoirs et aciéries. Une opération rendue possible après l‘intervention des éléments de la brigade anti-émeute du groupement rapide d'intervention de la Gendarmerie nationale d'El-Hadjar. Ils étaient intervenus pour déloger la trentaine de salariés qui, durant 48 heures, avaient bloqué avec leurs voitures les 3 accès au complexe sidérurgique, avec pour conséquence la paralysie, une nouvelle fois, des activités de production des différentes installations, notamment celle du haut fourneau n°2 dont la salle d'appareillage avait été occupée par quelques dizaines de salariés qui, initialement soutenaient Aïssa Menadi. Ex-secrétaire général du syndicat déchu de l'UGTA par la centrale syndicale de Abdelmadjid Sidi Saïd et anciennement représentant du peuple pour la wilaya de Annaba à l'Assemblée populaire nationale, Menadi avait revendiqué son retour à la tête du secrétariat général du syndicat d'ArcelorMittal, la dissolution de l'actuel conseil syndical légitimement élu en 2007 et des élections syndicales anticipées. Pour la satisfaction de ces revendications, Menadi avait parlé du soutien de 4 000 salariés. Argument aussitôt démenti par l'UGTA. Par la voix de son représentant à Annaba, l'institution que gère Sidi Saïd Abdelmadjid a émis un communiqué dans lequel il est précisé que le mandat de l'actuel conseil syndical placé sous la direction de Mourad Daïffalah, secrétaire général par intérim en remplacement de Smaïn Kouadria, élu député de la région de Guelma, ira jusqu'à son échéance. Elle est programmée en même temps que les élections pour fin août début septembre 2012. L'argument avancé par Menadi est également démenti par le nombre très infime, à peine une vingtaine de travailleurs, qui a adhéré à son mouvement de revendication. Presque la totalité des 6 000 travailleurs du complexe aspiraient à une stabilité de leur société qui leur permettrait d'atteindre le 1,1 million de tonnes de production objectif fixé par leur employeur pour 2012. De leur côté, les syndicalistes et cadres dirigeants de la société ne sont pas restés inactifs. Aussitôt libérés les accès par les gendarmes, ils ont programmé une séance de la commission de discipline. D'autant que trois des salariés réfractaires à l'ordre établi avaient tenté d'empêcher le redémarrage du haut fourneau. Pour ce faire, ils s'étaient enfermés dans la salle d'appareillage mais avaient dû mettre fin à leur action après des négociations avec le directeur chargé de la sécurité intérieur du complexe. Jeudi après-midi donc, le haut fourneau n°2 a pu redémarrer sous les acclamations de plus de 300 fondeurs excédés par le comportement de leurs 18 collègues. Objet de licenciement, ces derniers n'ont pratiquement aucune possibilité de réintégration. Ils devront également faire face à des soucis judiciaires dans les prochains jours avec leur convocation devant le procureur de la République. Ils y seront auditionnés et prendront connaissance des faits reprochés à chacun d'eux sur la base des 4 plaintes déposées par leur désormais ex-employeur. Durant ce dernier incident qui a pris fin jeudi après-midi, Menadi Aïssa n'a pas réapparu. L'occupation des portails serait une action spontanée des salariés qui, ce faisant, réagissaient à la mesure de licenciement qui a suivi leur mouvement de déstabilisation de la société depuis le 20 mai écoulé. Leur objectif était d'amener leur employeur à négocier leur réintégration. Ce que rejette catégoriquement Joe Kazadi, le directeur général d'ArcelorMittal. Il persiste et signe quant à l'application de la loi en terme de relations de travail et du règlement intérieur de la société. Il l'a démontré en demandant à la commission de discipline de statuer sur 12 cas de salariés à qui il est reproché un comportement de nature à provoquer le trouble à l'intérieur du complexe. Il s'agit d'une faute du 3e degré passible du licenciement et à moindre degré d'une sanction de 8 jours avant licenciement. En tout état de cause, même si les gendarmes ont été contraints d'user de la manière forte pour amener les salariés récalcitrants à se soumettre à la loi, rien ne dit que ces derniers vont se taire. D'autant que l'emploi étant devenu une denrée rare, leur recyclage dans une quelconque autre activité que celle de la sidérurgie relève d'un miracle. A moins que les uns et les autres attendent le démarrage du nouveau complexe sidérurgique de réalisation qatarie à Bellara dans la wilaya de Jijel prévu pour 2015. Mais d'ici-là, beaucoup d'eau coulera sous les ponts.