La flambée des prix des céréales, observée depuis quelques semaines dans les principaux marchés mondiaux, commence sérieusement à inquièter les Etats et les organismes internationaux. A la fin de la semaine passée, les instances mises en place par le G20 agricole ont été saisies pour suivre de près l'envolée des prix des céréales et du soja et préparer une réunion internationale en cas d'aggravation de la situation. De son côté, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avait auparavant tiré la sonnette d'alarme lorsque les prix du maïs, du blé et du soja se sont envolés de 30 à 50%, atteignant ou dépassant leur niveau de l'année 2007-2008 et faisant ainsi ressurgir le spectre d'une crise alimentaire et des émeutes de la faim. Selon les observateurs des marchés des produits alimentaires, les prix des céréales ont fortement augmenté ces quatre dernières semaines en raison de la grave sécheresse qui sévit aux Etats-Unis et dans la région de la mer Noire. Conséquence, les prix du maïs ont grimpé de plus de 50% après la sécheresse qui a touché les Etats-Unis, la plus importante des cinquantes dernières années. Même constat dans la région de la mer Noire. Cette situation a ramené le Conseil international des céréales à revoir à la baisse ses prévisions pour les récoltes de blé en Russie et au Kazakhstan. De son côté, un expert de la Banque mondiale avertira sur les stocks mondiaux de céréales disponibles sur le marché et qui sont à leur plus bas niveau historique : «Le garde-manger n'est plus aussi rempli», avertira cet expert. Par ailleurs, la FAO estime que les prix vont encore flamber et dépasser les records atteints en 2008, année où les pays importateurs les plus pauvres ne pouvaient plus importer des céréales entraînant des émeutes de la faim. Au mois de mars de cette année, la FAO estimait déjà que la facture en céréales des pays pauvres importateurs atteindrait un niveau record en 2012. Avec des cours qui explosent et un taux de change défavorable, l'addition risque de devenir réellement insupportable pour ces pays, estime l'organisation onusienne. L'exemple des pays du Sahel est cité à juste titre. Dans cette région pauvre et instable du continent africain, pas moins de 18 millions de personnes sont menacées par la famine. En Algérie la baisse de 23% de la facture des importations des céréales, semoules et farines enregistrée durant le premier semestre de 2012 sera de courte durée. Il faudrait s'attendre à une hausse importante de cette facture dans les prochains mois. Ainsi et depuis la fin du mois de juin passée, le prix du blé américain a déjà augmenté de plus de 45% tandis que sur le marché européen le prix de cet aliment de base des algérien a connu hausse de plus de 34%. L'Algérie qui est aussi un importateur net de maïs, qui rentre dans l'alimentation du bétail, importera cette céréale presque 60% plus chère durant le second semestre de l'année en cours. Même constat pour le soja qui rentre dans la production de l'huile végétale. Concernant l'impact de la production record des céréales attendue cette année en Algérie (5,2 millions de tonnes), elle aura un faible impact selon les traders. Si d'ici la fin de 2012 l'Algérie pourrait ne pas importer de l'orge et du blé dur (semoule), il n'en sera pas de même pour le blé tendre (farine). Etant un grand pays consommateur et gaspilleur de pain, l'Algérie importera au moins 2,5 millions de tonnes de blé tendre durant le second semestre de 2012. Durant le premier semestre de cette année, notre pays a importé 2,35 millions de tonnes de blé tendre pour un montant de 681 millions de dollars. Cette même quantité risquerait de coûter un milliard de dollars durant la seconde moitié de l'année 2012. En moyenne notre pays importe entre six à sept millions de tonnes de céréales (blé dur, blé tendre et maïs) annuellement pour une facture qui dépasse très souvent les trois milliards de dollars. Aussi l'Algérie risquerait fort de payer plus chères ses importations d'huile brute de soja, de lait en poudre et de sucre. En général quand les cours des céréales s'orientent à la hausse, ils se répercutent inévitablement dans leur sillage sur les prix des autres produits agricoles. Contrairement à beaucoup d'autres pays, l'Algérie dispose de réserves de change confortables lui permettant de couvrir les importations des produits alimentaires de base à n'importe quel prix sur les marchés mondiaux. N'empêche qu'il est important d'installer une cellule d'experts compétents ayant pour mission de suivre de très près l'évolution de cette nouvelle crise alimentaire mondiale qui pointe à l'horizon.