La circoncision collective fait partie désormais des actions de solidarité du mois sacré du Ramadan et c'est le 27e jour qui est souvent choisi pour l'organisation de la fête. A Bordj Bou-Arréridj, sous l'initiative de plusieurs associations et du Croissant -Rouge algérien, des centaines d'enfants sont circoncis le même jour, une manière de revenir sur un côté traditionnel et religieux de l'épreuve. Devant le bloc opératoire de l'hôpital Bouzidi Lakhdar, des enfants de tous les âges, 1 à 5 ans, accompagnés par leurs parents sont installés sur des nattes. Convoqués depuis 7 heures, ils se sont retrouvés très tôt dans cet espace pour passer une épreuve capitale : la circoncision. En attendant que les infirmiers et médecins finissent leurs préparations, certains de ces petits garçons, vêtus d'habits traditionnels pour l'occasion, sont informés de ce qui les attend dans une des salles de l'hôpital où, pour l'occasion, les praticiens ont installé leurs quartiers pour vérifier les dossiers et les bilans d'analyses demandés la veille. Les plus petits ne quittent pas cet endroit de leurs yeux. Petits curieux ils sont impatients de savoir ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'ils vont y faire ? Sur un long couloir qui débouche dans la salle d'opération, les membres des associations des initiateurs de l'opération qui ont organisé cette circoncision groupée s'affairent à la préparation. Certains sont chargés de faire l'appel des enfants inscrits sur les listes, d'autres une fois l'enfant à l'intérieur préparent les habits cousus pour ces jeunes circoncis. Dans une autre salle, ce sont les chirurgiens et les infirmiers qui sont à pied d'œuvre. A cet endroit tout est stérilisé, interdiction d'entrer sauf pour les spécialistes, «c'est le bloc opératoire», dira un agent de sécurité. Même si l'acte opératoire se fait sous anesthésie, le fait de voir le sang et d'entendre des cris, certains n'ont pu s'empêcher de pleurer. Plongeant ainsi la salle dans une atmosphère indescriptible ! Mélange de pleurs et des youyous des mères. Pourtant, la douleur ne se fera ressentir que deux heures après, quand l'enfant ne sera plus sous l'effet de l'anesthésie. Dans cette ambiance où l'odeur de l'alcool empeste, le directeur de l'hôpital, Djamel Bouras explique le choix du personnel. «Comme la loi exige que l'acte chirurgical soit fait par un chirurgien habileté et dans une structure sanitaire. Ce n'est pas n'importe qui, qui peut circoncire, c'est un chirurgien qui doit le faire. Il faut quelqu'un qui a de l'expérience. Par exemple, il y a des médecins qui ne peuvent pas le faire.» Pendant ce moment dans le couloir, les quelques enfants qui attendent leur tour n'affichent plus cette volonté de savoir ce qui se passe à l'intérieur de la salle qui faisait l'objet de leur curiosité, certains refusent même de rejoindre la salle quand on les appelle. Certains parents sont obligés d'utiliser d'autres moyens pour les attirer. «Ce n'est rien on y sert des bonbons, et je sais que tu en raffoles, donc on y va», essaye un des parents pour convaincre son fils. Et l'enfant sans soucis accepte de rejoindre la salle. Par contre, d'autres plus conscients de la situation n'acceptent toujours pas d'obtempérer. Il va falloir les forcer alors que ceux qui sont déjà circoncis sont assis dans un coin du couloir, ils ne pleurent pas, ils font comme si de rien n'était. Malgré le fait que la méthode utilisée soit très loin de celle traditionnelle, les organisateurs comptent toutefois retenir certains aspects traditionnels de l'épreuve. Chaque enfant va rentrer chez lui mais tous les trois jours ils vont revenir pour faire des pansements. Durant ce mois de Ramadhan, le nombre de circoncis est de 642, seulement à l'hôpital Bouzidi-Lakhdar. Les mêmes opérations se déroulent dans les hôpitaux de Medjana et Ras El Oued ainsi que dans les deux cliniques privées Akhrouf et Bourenane. Notons que ces opérations sont gratuites même dans le privée. «C'est une épreuve qui marque la vie de l'homme et nous sommes très heureux d'y contribuer», dira le docteur Akhrouf.