Beaucoup de pays, occidentaux surtout, aiment déclarer être engagés dans la lutte contre le terrorisme, mais tiennent à demeurer souverains dans leurs appréciations portant sur la nature des faits qui leur sont demandés d'incriminer. S'il y a bien une disposition, même votée à l'ONU, qui sera susceptible de bien de divergences, c'est bien celle qui criminalise le paiement des rançons contre la libération des otages. Les Etats ne répondent pas tous de la même façon sur le terrain. Ceci d'une part. Les pays démocrates ont une autre conception de la vie de leurs citoyens que les pays autoritaires. Les premiers sont près de leurs opinions publiques et les pouvoirs en place s'investissent de la mission de sauvegarder la vie de leurs citoyens quel qu'en soit le coût. Leur opinion publique est d'autant à respecter que les gouvernants tiennent leur pouvoir du choix de leurs peuples et que ces pays sont constamment en campagne électorale ou en publication de sondages de popularité. D'autre part, que signifie criminaliser le paiement des rançons, ou plutôt quelles sont les limites de la criminalisation ? Criminaliser une puissance occidentale qui se soumettrait au chantage du paiement de la rançon ? La prise en charge de cette criminalisation n'est pas prévue à deux niveaux. D'abord, qui doit initier le processus de sanction. Quelles sanctions ? Qui doit sanctionner ? Qui peut et qui doit être sanctionné ? Il est sûr qu'un petit pays, africain par exemple, subira la sanction en cas de paiement de la rançon, mais qu'en serait-il de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, des Etats-Unis ? Parler du terrorisme sera toujours d'actualité tant que les «racines du mal» ne sont pas extirpées. Quand on apprend que des puissances étrangères qui prétendent lutter contre le terrorisme par tous les moyens entretiennent des contacts négociations avec le terrorisme dénommé Al-Qaïda au Maghreb, Mujao du Niger, Ansar Eddine dans le nord du Mali, il y a de quoi craindre que le terrorisme sera tout le temps entretenu. Alors, il y a de quoi revendiquer l'interdiction de l'ingérence dans les pays qui luttent contre le terrorisme. Quand on apprend également qu'Al-Qaïda, du point de vue américain, est la bienvenue en Syrie pour précipiter la chute du régime syrien, il y a de quoi, bien sûr, être convaincu que cette organisation terroriste va entrer dans des négociations avec les Américains qui auront à lui laisser les mains libres dans les pays musulmans contre le renoncement à menacer dans le monde les intérêts américains. Qui doit combattre qui et qui doit combattre quoi ? Le premier «qui» désigne les pays sahélo-sahariens. Le deuxième «qui» désigne le terrorisme qui veut se faire désigner comme étant AlQaïda au Maghreb dit islamique. Le «quoi» devrait désigner toutes les causes ou alibis dont se réclame le terrorisme pour arriver encore à «convaincre» des jeunes à monter au maquis. Où le combat se déroulerait-il pour éviter la constitution par les terroristes d'un sanctuaire comme cela a été fait en Afghanistan ? La réponse est tout l'espace sahélo-saharien qui en raison de son immense étendue devient pratiquement un «no man's land», non contrôlé par les Etats limitrophes lorsque ceux-là agissent individuellement. Les mouvements terroristes, quant à eux, s'entraident sans hésitation, et contractent des alliances avec des groupes mafieux de la région. Lorsque les douaniers et les GGF sont attaqués, surtout lourdement agressés, leurs agresseurs peuvent être les terroristes, les contrebandiers ou les deux en même temps. Les Etats sahélo-sahariens se doivent de coopérer opérationnellement et solidairement comme d'ailleurs ils se sont entendus en créant à Tamanrasset un commandement intégré. Ces Etats, en s'alliant ainsi, en bénéficiant chacun de l'expérience de l'autre, auront les capacités à faire face ensemble. Le succès sera d'autant assuré qu'eux-mêmes ont de fortes convictions qu'il va falloir passer vite au stade opérationnel. Il est d'autant essentiel que ces pays qui ont des frontières avec cet espace régional agissent ensemble et réagissent ensemble sans ingérence étrangère, tel que la charte de l'Unité africaine le précise bien. Une ingérence étrangère est par définition l'intervention d'une puissance hors cet espace concerné. La charte de l'Union Africaine interdit la mise en place de bases étrangères, donc rend illégale l'intervention étrangère laquelle ne peut intervenir qu'en disposant de bases à l'intérieur de cet espace ou même en dehors de celui-ci. L'armée française possède des bases (environ six) pré-positionnées pour pouvoir intervenir en dehors des pays africains qui les abritent. Les bases pré-positionnées sont pour la plupart le résultat de la colonisation, car ellesexistent dans les ex-colonies françaises depuis l'accès de ces pays à l'indépendance.