Onze ministres se sont succédé à la Communication, depuis l'élection de Bouteflika en 1999. Un record qu'aucun autre département n'a enregistré. Mais force est de constater que peu de choses ont réellement changé dans le secteur. L'instabilité y est toujours entretenue, les mêmes problèmes structurels, liés à l'organisation notamment de la presse écrite, demeurent. Est-ce parce que les ministres successifs auraient toujours eu une mauvaise appréciation de la situation, ou par cet esprit de copinage, plus présents et plus visibles dans le secteur des médias, qui a grandement porté préjudice à l'essor du secteur, qui accuse un retard monumental, au vu des avancées enregistrées dans ce domaine, à travers le monde ? Car, il n'est plus un secret de dire que certains ministres de la Communication ont plus servi leurs « amis» dans les différents médias publics ou privés, que le secteur qui leur ont été confié. D'autres encore ont dirigé leur département comme de véritables PDG d'entreprise, c'est-à-dire sans le moindre souci pour les besoins réels du monde des médias en Algérie. D'où la sempiternelle question qui revient : les pouvoirs publics sont-ils pour le pluralisme médiatique, qui reste vital pour la démocratie ? Seul peut-être un ministre a essayé de restructurer l'audio-visuel, en aidant à créer de nouvelles stations de radio, et à moderniser un tant soit peu cette lourde machine qu'est l'ENTV. De tous les segments médiatiques, la presse écrite demeure la plus pénalisée. Mais, il faut dire que cette situation est aussi le résultat d'une désorganisation chronique qui empêche toujours les éditeurs et les journalistes de défendre leurs positions respectives auprès des pouvoirs publics et de régler les multiples problèmes auxquels ils sont confrontés. A défaut d'un débat profond, certains éditeurs, pourtant bien choyés, continuent, à l'arrivée de chaque nouveau ministre, de poser la problématique du «monopole» publicitaire, en demandant la levée de la publicité institutionnelle, bien que minime, qui est servie à un certain nombre de titres de la presse nationale, tout en essayant par tous les moyens d'en bénéficier. C'est le cas d'un quotidien financé par un magnat de l'industrie, qui demande «sa part de la publicité de l'Etat». Le message que ces éditeurs plutôt soucieux de leur position actuelle voudraient lancer au nouveau ministre, Mohand Oussaïd Belaïd, à travers la réaffirmation d'une vieille demande, strictement sectaire. Or, les vrais problèmes à poser, dans l'urgence, sont ceux liés essentiellement au statut particulier de l'entreprise de presse, à la promulgation de nouvelles dispositions fiscales adaptées à la presse, aux mécanismes d'aide, directe et indirecte, qui restent limités à ces maigres placards Anep... Réfléchir au moyen d'assurer la survie à la presse écrite dans un monde concurrentiel féroce où les médias alternatifs (internet, TV d'information en continu...), et de préserver ainsi un acquis historique, tel est l'enjeu fondamental auquel les pouvoirs publics se doivent de répondre, en associant les éditeurs dans un cadre transparent et loyal.