Les éleveurs des régions steppiques restent ébahis devant le culot des maquignons au col blanc. Ils leur achètent leurs bêtes sans trop négocier le prix et occupent leurs places dans les souks à bestiaux. Ces intermédiaires revendent les moutons du sacrifice avec un important bénéfice, frôlant parfois les 100%. Des bêtes avec des abcès au cou, ce qui les écarte du sacrifice, ont été acquises par des non-avertis. De l'arnaque pure et simple ! Ces gens ne reculent devant rien pour engranger des profits. Certains agissent aussi pour blanchir de l'argent mal acquis. C'est ce que l'on voit dans les souks à bestiaux ces derniers temps. Durant la même journée, on peut avoir plusieurs prix pour les mêmes bêtes, c'est dire l'influence de ces néo-maquignons au col blanc. Heureusement que ce n'est que conjoncturel, diront certains. Ce sont eux, en fin de compte, qui font flamber le prix du kilogramme de viande. Plus le prix de la bête augmente plus celui de la viande grimpe. L'an dernier, ils avaient profité des rappels des salaires des fonctionnaires et de l'insécurité en Tunisie qui a découragé les Algériens de s'y rendre. Ces derniers se sont rabattus sur le mouton du sacrifice et ont engagé des dépenses qui ont fait la joie des maquignons au col blanc. Résultat : il y a eu 4,7 millions de têtes qui ont été sacrifiées, et du coup, la viande a manqué durant plus de dix jours. Le peu de bêtes qui ont échappé aux sacrifices ont été négociées très chèrement. Depuis, le citoyen débourse plus de 1 200 DA pour acheter un kilogramme de viande ovine. Le prix du mouton a atteint une nouvelle cote. Devant la rareté de la viande ovine au lendemain de l'Aïd El-Adha, les prix des viandes blanches ont flambé, passant du simple au double, soit de 180 DA le kg de poulet à près de 400 DA, et cela, en moins d'une semaine. Habituellement, surtout l'an dernier, les moutons bêlaient dans tous les quartiers et constituaient une attraction reine pour les enfants des quartiers populaires. Ce n'est plus le cas actuellement. Ces scènes sont devenues rares depuis le démantèlement des marchés informels. A Djelfa, comme à Hassi Bahbah, Birine ou Sougueur, les néo-maquignons sont omniprésents et continuent d'influencer les marchés. Pour l'exemple, l'agneau de six mois qui ouvre droit au sacrifice (poids carcasse vif 9 à 10 kg) ne peut être acquis à moins de 15 000 DA. Le thni, très prisé, dénommé dans certaines régions El-Alouche est cédé à partir de 27 000 DA dans le meilleur des cas. Par contre, pour les béliers encornés (rebaï), il faut disposer d'une tirelire bien remplie. Ainsi, il faut débourser plus de 60 000 DA pour que les enfants aient leur partie de plaisir et qu'ils puissent se vanter auprès de leurs copains. Les Algériens aiment leurs enfants et les chérissent à un tel point qu'ils sont capables d'admettre l'arnaque. C'est de l'autoflagellation, les néo-maquignons le savent et en profitent au maximum.