Des milliers de personnes ont commencé à se masser dans le centre de Beyrouth hier pour assister aux funérailles du général Wissam al-Hassan qui pourraient tourner à la manifestation contre la Syrie soupçonnée d'être derrière l'attentat qui lui a coûté la vie vendredi. Hassan qui avait mis au jour un complot impliquant un ministre libanais et deux responsables militaires syriens pour déstabiliser le Liban en août, a été tué dans l'explosion d'une voiture piégée qui a fait huit morts et 80 blessés dans le quartier d'Achrafieh. L'armée libanaise a déployé des forces dans toute la capitale en préparation des funérailles et les véhicules ne pouvaient plus accéder au centre de la ville. Une mosquée sur la place des Martyrs où Hassan doit être inhumé diffusait des prières funèbres depuis le matin. Le cortège funéraire doit partir du quartier général des forces de sécurité intérieure dont Hassan était le chef, puis passer sur les lieux de l'attentat commis vendredi avant d'arriver à la place des Martyrs. Le général sera enterré aux côtés de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, lui aussi tué dans un attentat à la voiture piégée sur le front de mer à Beyrouth en 2005. Saad Hariri, fils de l'ancien chef du gouvernement défunt, avait appelé à un grand rassemblement hier en mémoire de Wissam al Hassan. Le Premier ministre Nadjib Mikati a présenté samedi sa démission au président Michel Souleïmane qui lui a toutefois demandé de demeurer en fonction pendant quelques temps encore. Selon lui, il existe un lien entre l'attentat de vendredi et le complot déjoué en août. «Je ne peux pas dissocier le crime commis hier et la découverte d'un complot contre le Liban en août», a-t-il affirmé. Cette position a été reprise par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius qui a jugé «probable» une implication de Damas dans l'attaque perpétrée vendredi. «On ne sait pas encore exactement qui est derrière, mais tout indique que c'est le prolongement de la tragédie syrienne», a dit Fabius. «Je pense que c'est un prolongement de ce qui se passe en Syrie, ce qui rend encore plus nécessaire le départ de Bachar al Assad». De son côté, Samir Geagea, leader politique chrétien opposé à Bachar al Assad, a souhaité la suspension de tous les accords militaires et de sécurité avec la Syrie et l'expulsion de l'ambassadeur syrien à Beyrouth. «La situation est fragile», a commenté un diplomate occidental redoutant un retour de l'instabilité dans le pays et rappelant que la mort de Rafic Hariri avait été suivie par une vague d'assassinats. «Je ne sais pas s'il s'agit de la première d'une série d'attaques, mais l'histoire suggère que cela peut être le cas», a-t-il ajouté. Des membres de la communauté sunnite ont manifesté samedi dans plusieurs villes du pays, brûlant des pneus dans le centre de Beyrouth et dans la ville portuaire de Tripoli. Le reste de la capitale est demeuré calme au cours de la nuit, les habitants redoutant de nouvelles violences alors que des soldats circulant en jeep patrouillaient dans les rues. Les quartiers d'Hamra et Gemmaizeh, réputés pour leur activité nocturne, sont demeurés calmes aussi, de nombreux restaurants ayant fermé.