De tout temps ou presque, la violence contre les femmes n'a pas laissé indifférente l'opinion qui s'émeut notamment à l'occasion de festivités et cérémonies marquant les différentes journées consacrées aux femmes outre le 8 mars. Tout le monde évidemment s'épanche sur la triste condition féminine et promet qu'au prochain 8 mars on va voir ce qu'on va voir. En réalité, il y a un peu de caricature dans ce qui vient d'être énoncé car ce serait faire injure à l'intelligence féminine que de ne point reconnaître l'évolution spectaculaire de leur combat pour leur dignité; en effet, il faut bien l'admettre n'est-ce pas le phénoméne n'est pas spécifique à l'Algérie, la dignité de la femme est un peu trop souvent bafouée de par le monde tout en nonobstant toutefois quelques progrès enregistrés grâce notamment aux femmes elles-mêmes qui ont décidé de se prendre en charge et de livrer bataille contre tous les machos sévissant. Une bataille sur plusieurs fronts est menée par le biais des institutions officielles puisque les femmes parlementaires ont porté la question devant l'Assemblée nationale à maintes reprises, via le mouvement associatif également et relativement dans les luttes partisanes. Juste quelques statistiques encore toutes chaudes puisque ne remontant qu'à fin 2011 pour se faire une petite idée de l'ampleur du phénomène «près de 80 000 femmes ont fait l'objet de violences multiples». Mais ce qu'on omet de préciser est que «certaines femmes décèdent des suites de ces mêmes violences». Ces statistiques, pour rappel, émanent de la direction générale de la Sûreté nationale. Au demeurant, le problème interpelle davantage les consciences ou sinon devrait les interpeller. Transposé à l'échelle universelle, ce phénomène présente une fâcheuse tendance à une progression hélas exponentielle puisque et toujours de source fiable onusienne «7 femmes sur 10 subissent ces violences de par le monde». Effarant tout simplement. Ce qui a incité les instances onusiennes à programmer pour la 57e session dont les travaux sont fixés pour mars prochain à consacrer une attention particulière à cette épineuse question. En attendant le combat des femmes se poursuit tant chez nous que sous d'autres lieux. Mais il n'est pas gagné d'avance pour autant puisque les pesanteurs sociales et les tenaces tabous ont encore la peau dure et leur tordre le coup une bonne fois pour toutes n'est pas une sinécure... Des associations féminines revendiquent une loi pénalisant les agressions contre les femmes Des associations qui militent pour les droits des femmes ont plaidé dimanche à Alger pour la promulgation d'une loi-cadre sanctionnant les violences faites aux femmes. Ces associations regroupées au sein du collectif «Stop à la violence, les droits aux femmes maintenant», ont insisté, lors d'une conférence de presse animée à l'occasion de la célébration de la Journée internationale dédiée à la lutte contre la violence faite aux femmes, sur la nécessité de relancer la proposition de cette loi, en vue de «réduire la tolérance sociale de ce fléau». Le 25 janvier 2012, le bureau de l'APN avait approuvé une proposition de «loi-cadre» formulée par 40 députés pénalisant sévèrement toute agression ciblant les femmes. La proposition de cette loi-cadre a pour objet de consacrer les dispositions fondamentales en matière de lutte contre les violences, physique ou morale, faites aux femmes, et de prévenir leurs répercussions sur les enfants. Dans son intervention en sa qualité de membre du collectif et présidente de l'Association pour l'émancipation de la femme (AEF), Mme Soumia Salhi a estimé que «même si les sanctions contre la violence existent dans le code pénal algérien», elles demeurent «dispersées et ne sont pas spécifiques aux femmes». Elle a expliqué, dans ce sens, qu'à l'exception des viols des mineurs, les violences particulières à l'encontre des femmes «n'ont pas fait l'objet d'une identification particulière dans le code pénal qui n'a pas envisagé, malgré les réformes de 2006, la prise en charge des violences faites aux femmes au sein de la famille et dans le couple». «Ce sont des lacunes que se propose de combler la proposition de cette loi qui se fixe comme impératif la poursuite de la consolidation du système législatif par des textes portant sur la pénalisation de la violence fondée sur le genre», a souligné Mme Salhi. En 2011, selon les statistiques de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), près de 8 000 femmes ont été victimes de violences multiples dont 5 047 cas recensés ayant subi des violences corporelles. Durant la même période, 1 570 femmes ont été victimes de mauvais traitements de la part de leurs ascendants, 273 victimes d'abus sexuels, 24 femmes victimes d'homicide volontaire et 4 cas d'inceste, selon la même source. Dans le monde, sept femmes sur dix sont victimes, chaque jour, d'actes de violence et de pratiques abusives, selon la commission onusienne de la condition de la femme qui consacrera sa 57e session prévue en mars prochain à l'élimination et à la prévention de toutes les formes de violence à l'égard des femmes et jeunes filles.