«Il faut défendre la télévision publique et se battre pour qu'elle soit crédible et indépendante. C'est une chose primordiale, car elle est le lien social et culturel avec le citoyen et lui rapporte ce que le privé n'apporte pas», a recommandé Hervé Bourges, ex-président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) français, lors du séminaire international sur l'audiovisuel, hier à la résidence El-Mithak, organisé par le ministère de la Communication et en présence de professionnels du métier. Dans son allocution, axée beaucoup plus sur l'expérience de la régulation audiovisuelle en France, Hervé Bourges a estimé qu'en vue de cette mutation rapide dans l'univers médiatique, c'est-à-dire les réseaux satellitaires, l'explosion d'internet et la diffusion numérique, la régulation est aujourd'hui la voie la plus adaptée pour accompagner les transformations de l'espoir public. Pour lui, la régulation «n'est pas le gendarme de l'audiovisuel» mais plutôt «l'accompagnement indispensable de la libération de certains secteurs essentiels de la vie économique et culturelle». Il dira : «La régulation passe par la création d'instance indépendantes, dont l'indépendance doit être rigoureusement garantie. Les pouvoirs ne doivent pas avoir la possibilité de faire pression sur les décisions des régulateurs. La création de cette instance a été, partout dans le monde, le moyen de couper le cordon ombilical entre les médias et les Etats.» Evaluant l'histoire des premières années de la régulation de l'audiovisuel en France, Hervé Bourges a souligné que «cet exercice fut plus compliqué qu'on pourrait le croire aujourd'hui». Selon lui, l'ouverture médiatique repose sur l'apparition «d'acteurs privés». Il a estimé que l'enjeu du développement audiovisuel en Algérie est «de multiplier les sources de financement des médias afin de favoriser l'éclosion d'œuvres et d'émissions proprement algériennes, porteuses de l'héritage culturel et des valeurs d'une Algérie plurielle lesquelles contribueront à son rayonnement dans le concert médiatique international». Il a, par ailleurs, regretté la «dictature» de l'argent, qui est, selon lui, aussi «à craindre» que l'interventionnisme des politiques. Pour étayer ses dires, il a donné l'exemple de l'acquisition de l'exclusivité des droits de football en Algérie par un étranger qui se traduit par une marginalisation des chaînes algériennes sur leur propre territoire. La régulation tient en quatre mots : médiation, concertation, adaptation et indépendance.