L'Algérie, en cette année de célébration du cinquantenaire de l'Indépendance, a multiplié les messages en direction de la France, l'appelant à reconnaître ses crimes coloniaux entre 1830 et 1962. Cela est sans doute dû aux perspectives que semble ouvrir, dans ce sens, l'arrivée au pouvoir de la gauche française. Une gauche qui semble décidée à trancher avec l'intervalle Sarkozy, François Hollande, actuel président français, ayant envoyé un message fort en direction d'Alger en reconnaissant et condamnant les massacres du 17 octobre 1960 perpétrés par la très officielle police française de Maurice Papon. Par ailleurs, il se dit également que les deux pays considèrent qu'une occasion aussi fortement symbolique que le 50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie ne se refait pas, et devrait être saisie pour ouvrir définitivement une nouvelle page dans les relations entre l'Algérie et l'ancien colonisateur. Pour ouvrir cette nouvelle page, il faut œuvrer à refermer, définitivement, les plaies encore béantes de la mémoire de la guerre d'Algérie. Comme horizon primordial au seuil duquel on s'attend à un fait historique entre les deux pays, la visite du président Hollande durant la seconde partie du mois de décembre, et dont on espère qu'elle sera le théâtre d'une réconciliation historique entre les deux pays sur fond de reconnaissance par la France des faits coloniaux qui lui sont attribués par l'Histoire et les historiens et reprochés par l'Algérie et les Algériens. Cela dit, cette visite de Hollande, qui semble suivre les traces du premier président français venu en Algérie, à savoir Jacques Chirac, et dont la visite triomphale aurait pu faire parcourir aux deux pays tant de chemins sur la voie de la réconciliation, est suivie avec attention et non sans une certaine tension par le lobby des nostalgiques de la France algérienne qui, à défaut de remonter dans le temps, entendent pousser jusqu'au bout les relations entre les deux pays vers l'embourbement et les ruptures épisodiques. Ce fut le cas de la visite de Jacques Chirac qui fut sabordée par le projet de loi scélérate sur les bienfaits de la colonisation. Et si les Algériens ont fait l'impasse sur le bras d'honneur de Gérard Longuet, c'est parce qu'ils savent que la France a le regard à gauche et qu'elle pourrait enfin honorer la mémoire de l'Histoire en se montrant plus loyale envers son passé révolutionnaire et libertaire que vers celui colonial et génocidaire. Loin de vouloir exiger des indemnisations aux victimes et ayant droits des victimes de la guerre d'Algérie, l'Etat algérien s'accroche surtout à une exigence symbolique qui est celle de la reconnaissance des crimes coloniaux ; une attente restée sans réponse durant des décennies, alors que les deux pays, malgré ce contentieux énorme qui continue de honter leurs relations, ont en commun un capital humain qui cimente les deux communautés et qui empêche les passerelles de se rompre entre les deux rives. Autre mise en commun entre les deux pays, les projets économiques qui ont fait l'objet de très longues négociations et dont Hollande vient consacrer l'aboutissement. Là il ne s'agit pas seulement d'une approche économique, car le projet, notamment, de montage d'une usine Renault à Oran revêt une dimension éminemment politique. C'est le cas également de la question des visas accordés aux Algériens et que ces derniers voudraient voir augmenter ne serait-ce qu'en procédant, côté français, à la reduction du nombre de demandes de visas refusés. Quoi qu'il en soit, le président Bouteflika bénéficie de toute la confiance des Algériens pour approcher le dossier du contentieux historique avec la France, en est-il de meme pour le président Hollande et les Français ?