Vague de désapprobation et de dénonciation du geste — bras d'honneur — de l'ancien ministre de la Défense français, Gérard Longuet. Sans s'excuser ou revenir sur son geste déplorable, le sénateur UMP a expliqué son acte “odieux" par “la mauvaise humeur typiquement populaire à l'annonce de la demande, par l'Algérie, de repentance de la France pour les crimes colonialistes perpétrés à son encontre". Si le geste emprunte à une attitude populaire, son expression résulte, cependant, d'une conviction largement partagée au sein de l'UMP que chaque responsable a exprimée à sa manière, souvent de manière nuancée. Si la gauche, au gouvernement en France, a réagi vivement à ce geste et dénoncé son caractère odieux et méprisant, c'est qu'elle s'est directement sentie ciblée par la droite, surtout après sa reconnaissance de “la répression sanglante" des Algériens le 17 Octobre 1961. Un pas qui a irrité l'UMP qui ne veut rien céder sur le passé “colonial" de la France, considérant cette séquence historique positive. Dans son explication, Gérard Longuet reprend son habit d'homme politique et ressasse l'argumentaire de sa famille politique sur la question de la reconnaissance des crimes coloniaux. Comme les autres responsables politiques français, il souhaite une relation apaisée avec l'Algérie, citant au passage l'exemple avec l'Allemagne, sur le ton présent, évidemment. Cette tendance est commune à toute la classe politique qui perçoit l'Algérie sous l'exclusif angle de vue colonialiste. Et la sortie de Longuet n'échappe pas à cette règle qui veut également que la reconnaissance du passé colonial, soit tacitement, une ligne rouge à ne pas dépasser. Même le très souple Jacques Chirac a vu son projet torpillé par son propre parti qui a voté la loi du 23 février glorifiant la colonisation. Cette fois, le contexte est différent. Le nouveau président, François Hollande, a fait un petit pas, sur une brève séquence historique alors que l'Algérie célèbre le cinquantième anniversaire de son Indépendance et 58e anniversaire du déclenchement de la Révolution. Ce qui semble loin d'être une simple provocation. Ce qui révèle, par ailleurs, un état d'esprit de la classe politique française qui s'arrange dans une démarche constante de deux poids, deux mesures dans le traitement de son lourd héritage historique. La répression du 17 Octobre 1961 a été reconnue par Hollande, mais faut-il rappeler qu'aucune suite n'a été donnée à la plainte déposée contre Maurice Papon qui a ordonné cette répression. Ce même Papon a été condamné pour avoir autorisé la déportation des juifs pendant l'occupation allemande. Le même schéma est ressuscité dans l'affaire Merah, poussant le président à lier la sécurité des juifs de France à la question de la sécurité nationale. L'utilisation outrancière de cette affaire n'est pas l'apanage de la gauche, la droite en a fait un argument de campagne pour la présidentielle. Cette attitude comporte déjà quelques substrats de la vision néocolonialiste française et que Longuet a poussé l'outrecuidance à manifester de manière “familière". Loin de toute retenue que devrait dicter son statut d'homme et de responsable politique. Ainsi, le petit pas de Hollande, qui voulait éviter la guerre des mémoires, est vite balayé par un geste qui dénote de la véritable perception de la France d'en haut de l'Algérie. Sera-t-il alors, au seuil de sa visite à Alger, contraint à faire d'autres pas ou aller vers ce que la droite considérera comme des concessions, afin de gagner l'indulgence des autorités algériennes ? Car, sans l'avoir cherché lui-même, le temps aura donné raison à Mohamed-Chérif Abbas en mettant la barre très haut et ne cédant pas d'un iota sur le préalable de la reconnaissance et de la repentance pour la relance des relations. Avec cet avantage que c'est la France qui a le plus besoin de l'Algérie au plan économique. Situation qui conduirait Hollande à venir avec d'autres gestes plus forts que les réactions de dénonciation du bras d'honneur de Longuet. DB.