Tout le monde s'accorde à dire que la criminalité est en baisse à Annaba. Le grand banditisme, notamment, a été pratiquement démembré après les coups assénés efficacement et régulièrement par les services de la Sûreté de wilaya. La plus importante prise est certainement celle enregistrée, il y a quarante-huit heures par la brigade des stupéfiants. Il s'agit de 86 kg de chanvre indien. Bien empaquetée et conditionnée, la «marchandise» était prête à être écoulée sur le marché local ou à être envoyée vers les régions de l'intérieur du pays. Au nombre de cinq, les trafiquants ignoraient qu'ils avaient été infiltrés. Selon des sources crédibles, trois d'entre eux avaient été cueillis dans le bidonville de Sidi Harb à proximité du téléphérique, au moment où ils s'y attendaient le moins. En fuite, les deux comparses de cette bande dont les actes néfastes s'étendent jusqu'au Maroc sont activement recherchés. L'autre événement marquant dans la lutte contre la criminalité engagée par les services de police, porte sur le démantèlement d'un vaste réseau de vol de voitures. Ce qui a permis la récupération de 24 véhicules volés. De marques Mercedes, Chevrolet, Atos et Renault «Symbol», ces véhicules avaient été «désossés» à la tronçonneuse. Ils devaient être écoulés sur le marché de la pièce de rechange ou maquillés pour, à l'aide de fausses pièces de circulation, être vendus à des prix dérisoires. L'interpellation d'un dangereux cambrioleur, auteur d'un important «casse» et trahi par les traces de la semelle de sa chaussure, est le troisième événement à inscrire à l'actif de la brigade judiciaire de la même direction de Sûreté. Toutes ces affaires et bien d'autres, telles celles liées aux 13 crimes de sang dont 12 rapidement élucidées, ont pu être résolues grâce à des compétences humaines certes, mais aussi grâce à la maîtrise des moyens techniques d'investigation. C'est dire qu'en termes criminalistiques, les méthodes de la police algérienne, hier archaïques, se sont améliorées. Et lorsque, au titre d'approches scientifiques d'investigations, ses enquêteurs exploitent l'ADN, font parler les petits riens et les traces infinitésimales visibles seulement au microscope à balayage ou interrogent les chaussures d'un suspect pour le confondre, infiltrent les réseaux de trafiquants et utilisent le renseignement, c'est que cette police a appris à maîtriser les moyens techniques mis à sa disposition pour résoudre les énigmes criminelles. Cela faisait longtemps, sinon jamais, que nous n'avions entendu parler d'un criminel formellement identifié par la simple lecture scientifique de la semelle de sa chaussure. Ce qui implique que du qualificatif de «béotienne» dont on l'affublait, notre police s'est aguerrie pour mieux appréhender la sécurité des biens et des personnes. Cependant, c'est certainement l'exploitation efficace de leur ADN qui a rapidement permis l'identification des trafiquants et des voleurs. Notre source a précisé que, ignorant que les traces d'ADN relevées sur les plaquettes de 1 kg de chanvre indien les avaient trahis, trois des trafiquants de drogue arrêtés avaient tenté de nier les faits. C'est grâce au même procédé scientifique qu'auraient été identifiés leurs deux comparses en fuite, dont «le patron» du réseau. C'est pratiquement dans le même contexte qu'ont été rapidement élucidées les 12 affaires de sang sur 13 enregistrées courant 2011. Le nouveau collège directorial de la Sûreté d'Annaba semble avoir mis le paquet pour doter ses services de moyens à même de leur permettre d'être plus efficaces dans leurs investigations. Il était temps car, en parvenant à maîtriser la technologie relative à l'empreinte génétique ADN, la police algérienne a fait ces deux dernières années un grand bond en avant. C'est ce qui semble être l'une des satisfactions des services de police, comme l'indique Mohamed-Yazid Boubakri, commissaire principal à la direction de la Sûreté de wilaya Annaba : «Avec les moyens dont elle dispose et sa police scientifique, notre police est à même de mieux appréhender la criminalité sous toutes ses formes. Parmi ces moyens, nous citerons ceux qui nous permettent d'exploiter l'ADN». Et pour peu que cette police algérienne s'ouvre davantage à la communication avec son environnement, notamment les médias, il est certain que les résultats seraient plus importants. Se limiter à la transmission de statistiques serait insuffisant sans des détails sur les affaires criminelles élucidées. Cela aurait pu être le cas pour les 302 affaires de ce type enregistrées pour le seul mois de novembre 2011, ayant entraîné le placement sous mandat de dépôt de 318 individus dont sept mineurs, trois femmes et un étranger. Dans quel genre d'affaire sont-ils impliqués ? Quels motifs d'inculpation a-t-il été retenu à l'encontre de 191 d'entre eux ? Quel est l'impact de leurs méfaits sur la société ?