Face à un régime poussé dans ses retranchements, le 4e rendez-vous des «Amis du peuple syrien», qui a réuni hier mercredi une centaine de pays à Marrakech, devrait offrir à l'opposition à Bachar el-Assad la reconnaissance politique pleine et entière qui lui a fait défaut jusqu'ici. Première à avoir reconnu la «Coalition nationale syrienne» dès sa création il y a un mois au Qatar, la France n'a cessé, depuis, d'œuvrer en coulisses pour que les Etats-Unis et d'autres, comme l'Allemagne, en viennent à traiter cette nouvelle coalition d'opposants comme «la seule représentante légitime du peuple syrien», en lutte depuis vingt mois pour renverser le régime. L'Allemagne a expulsé, en début de semaine, quatre diplomates syriens en poste à Berlin. De son côté, Washington, inquiet de la progression djihadiste en Syrie, pourrait finalement lever ses réserves à l'égard d'une Coalition nationale pourtant toujours dominée par des islamistes liés aux Frères musulmans. Les Etats-Unis - dont la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, sera absente de Marrakech en raison d'«un virus gastrique» - iront-ils jusqu'à désigner la coalition comme «le seul» représentant légitime de l'opposition ou «un» représentant parmi d'autres, comme l'a fait prudemment lundi l'Union européenne ? En prélude à Marrakech, William Burns, le secrétaire d'Etat adjoint, a rencontré dimanche à Genève le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, et Lakhdar Brahimi, l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, quelques jours après une rencontre à Dublin entre Mme Clinton, MM. Brahimi et Lavrov, le chef de la diplomatie russe. «Les Américains gardent deux fers au feu», décrypte un opposant syrien en contact avec eux.