Zniquette Souiaâd est un souk où toutes les femmes de la région de Bordj Ménaïel, des villes et villages limitrophes, Boumerdès, Issers, Legata, Dellys, Naciria, Si Mustapha, Cap Djinet, Chabet El Ameur, Thenia et autres y compris les wilaya de Bouira, Tizi Ouzou et même Alger. Elles viennent chaque jour pour faire leurs courses dans cette ruelle qui porte le nom de Souieâd (un ancien commerçant qui a été parmi les premier à s'y installer». La ville de Bordj Ménaïel détient le record du nombre de cafés et kiosques multiservices ainsi que des pizzerias. La ville est coupée commercialement en deux : côté-sud spécialement pour les femmes où sont implantés différents bazars et le côté nord, le centre-ville, où sont installés les cafés sur le grand boulevard Colonel-Amirouche. Des gens affalés sur leurs sièges sirotent leur café et conversent à longueur de journée de tout et de rien, histoire d'oublier le compte à rebours de la machine du temps. Mais de quoi parlent-ils en fait, de quoi vivent-ils ? On dirait que cette ville s'est arrêtée de vivre depuis que les anciens sont partis vers l'au-delà. Les jeunes déambulent, ceux qui n'ont ni la chance de poursuivre des études ni la possibilité d'être intégrés dans le marché du travail, car des élus locaux n'ont pas lancé de projets, alors que Bordj-Ménaiel dispose de nombreux atouts pour ce faire, déambulent à longueur de journée avec beaucoup de rêves dans la tête. Quand ce n'est ni le café ni autres moyens de tuer le temps car l'affiche ne capte plus le regard puisqu'il n'y a plus de salle de théâtre ni de maisons de la culture, ni même cette formidable formation de football qui était la JSBM, c'est alors le «sacerdoce» de l'ennui, une vie pas toujours rose et qui est considérée à tort ou à raison comme l'antichambre de la délinquance. Depuis des années, les responsables locaux n'ont jamais voulu cerner les problèmes et dégager un programme de travail. Certains projets n'ont jamais trouvé un début de concrétisation comme celui de l'eau potable, l'assainissement, la circulation, les transports, l'éclairage public, la voirie, le déplacement des activités nuisibles, la création de nouveaux blocs administratifs. De l'entrée-ouest à la sortie-est et en traversant le centre-ville Bordj-Ménaiel, soit plus de 10 km de long, on compte un seul bureau de poste pour environ 80 000 habitants, une seule sûreté de daïra avec un effectif réduit censé assurer la sécurité des biens et des citoyens. Tout est à faire et à revoir dans cette daïra qui étouffe et qui ne répond plus aux besoins des habitants. Bordj-Ménaiel par comparaison à d'autres villes dépendant de la wilaya de Boumerdès est celle qui a le moins bénéficié de l'attention des élus locaux, des responsables de la wilaya et de l'APW et des organismes. Un recensement effectué sur le terrain nous le prouve puisqu'aucun projet culturel, social et économique sportif n'a été élaboré. Par ailleurs, le respect du plan d'urbanisme et lutte contre les constructions illicites ne fait pas l'objet d'un contrôle rigoureux, de même que les activités nuisibles et le commerce informel. Ajoutez à cela le manque d'infrastructures culturelles et sportives. Réalité amère qu'il s'agit de prendre en charge avec sérénité et beaucoup de tact, mais pour le moment, Bordj-Ménaiel de 2012 est une région plein de problèmes, une région où il n' y a pas d'avenir. La question est posée : ou va Bordj-Ménaiel ? La réponse est dans le choix des hommes car quand la volonté y est, les paris sont possibles. Bordj-Ménaiel aspire au changement. Multiforme et qualitatif. Pour le moment, le constat est amer mais qui révèle en même temps l'urgence des actions à mettre en branle pour doter cette ville d'une infrastructure conséquente. L'élaboration d'un programme d'action est nécessaire pour faire avancer les choses, car comment expliquer que des villes comme les Issers, Naciria, Si Mustapha (limitrophes) ont véritablement de reculé dans tous les domaines, que ce soit commercial, économique, social, culturel ou sportif. De ce fait, il faut aller chercher la cause dans les mentalités rétrogrades.