La chute des pouvoirs arabes n'a apparemment réglé aucun des problèmes que voulaient résoudre les manifestants en croyant pouvoir et devoir faire la révolution. Aujourd'hui, ils ont le sentiment de n'avoir rien obtenu du tout. Pis, ils pensent que les régimes se sont renforcés plutôt qu'affaiblis et que leur victoire sera complètement annulée avec la Constitution élaborée unilatéralement par les gouvernements. Le problème est que les manifestants ne s'entendent que sur une seule revendication, à savoir faire chuter les hommes symboles des régimes qu'ils soupçonnent d'œuvrer à perpétuer le système politique, ayant été durant très longtemps les hommes forts des régimes. Il y a à peu près trois forces distinctes en présence, à savoir ceux qu'on pourrait appeler les démocrates, ceux qu'on réunit sous le vocable d'islamistes, et il y a le pouvoir, c'est-à-dire l'autoritarisme qui regroupe ceux qui ne sont ni démocrates ni islamistes. Le problème se complique encore un peu plus si on intègre les conflits confessionnels. Aux réactions occidentales (particulièrement américaines) consécutives aux manifestations actuelles et à la leur répression, il apparaît comme une évidence que ces pays soutiennent les régimes actuels islamistes pour la double raison qu'aussi bien la politique extérieure que la politique de défense les agréent parfaitement et ne doivent en aucune façon changer. En Egypte, par exemple, pays phare arabe, les Frères musulmans continueront comme Moubarak à préserver les relations de paix avec Israël depuis les accords de Camp David et le rôle que les Américains font jouer à l'armée égyptienne en tant que pivot arabe dans l'architecture américaine de sécurité internationale.