4 842 personnes, dont 880 étaient recherchées en vertu de mandats de justice, ont été interpellées par les services de la Gendarmerie nationale à Alger au cours de l'année 2012. L'approfondissement des investigations et la stratégie offensive adoptée par ces services ont, également, permis le démantèlement de 91 associations de malfaiteurs dont certaines étaient formées de plus de huit personnes, sachant qu'un gang est dit «association» quand ses membres dépassent les deux personnes. Démanteler des gangs de huit malfaiteurs indique, entre autres, que le crime s'organise davantage, que la délinquance a pris de l'avance dans la société et que les tâches à assurer par les services de sécurité deviennent plus importantes. Intervenant avant-hier lors d'un point de presse en son siège à Alger, le commandant de groupement de gendarmerie, le colonel Bellaksir, a assuré que ses éléments déployés sur le terrain n'épargnent aucun effort pour traquer le crime devant, notamment, l'ampleur qu'a prise la délinquance juvénile dans la société. En effet, les brigades territoriales, la section de recherche et les autres unités opérationnelles sont instruites à ne plus se contenter des plaintes déposées par des victimes mais d'aller vers les noyaux durs de la criminalité et les lieux réputés par la délinquance à la recherche des malfaiteurs et la lutte contre toute forme d'insécurité. Selon le chef du bureau de la police judiciaire au groupement d'Alger, l'année 2012 a été marquée par une hausse de 7,25% en matière d'affaires de criminalité constatées et traitées, à savoir 4 405 affaires enregistrées l'année dernière, impliquant 4 842 personnes dont 234 femmes, contre 4 107 affaires en 2011, impliquant 4 130 personnes dont 166 femmes, soit une hausse de 15% en matière d'arrestations. Pour ce qui est des 91 associations de malfaiteurs neutralisées, le commandant précise que 47 étaient spécialisées dans les vols simples et qualifiés, 33 dans les agressions des personnes et les violations de domiciles et onze dans la commercialisation des stupéfiants. Les atteintes contre les personnes et les biens ont été les crimes et délits les plus réputés au titre de l'activité annuelle avec 3 304 affaires traitées. L'année 2012 a été, également, marquée par l'implication de 156 mineurs, 1 580 personnes âgées entre 18 et 28 ans, 1 125 âgées entre 29 et 40 ans et 436 âgées de plus de 40 ans. En effet, près de 50% des sujets impliqués dans le crime sont de la tranche d'âge de 28 à 40 ans, soit une population juvénile. Parmi ces délinquants, 44% sont sans emploi (1 441 personnes), 912 exerçaient dans des activités libérales, 588 salariés, 228 fonctionnaires et 88 étudiants. La déperdition scolaire est à l'origine de 39% des affaires de criminalité, la pauvreté, le chômage et la dégradation du pouvoir d'achat sont parmi les autres causes de la propagation de la délinquance et du crime dans la société. La lutte contre ces fléaux ne peut donc se résumer dans les missions qu'assurent les services de sécurité mais nécessite une lutte plus profonde en s'attaquant aux origines des différents maux de société. Selon une étude analytique réalisée par le groupement de gendarmerie d'Alger sur le lien entre la déperdition scolaire et la délinquance juvénile, 38,82% des personnes impliquées dans des affaires de criminalité au cours des trois dernières années ont un niveau scolaire limité. L'étude a démontré que sur les 11 556 affaires constatées en cette période, 4 487 crimes et délits ont été commis par des personnes ayant un niveau de scolarisation primaire, moyen ou secondaire, 2 485 affaires impliquant des ex-collégiens (55,38%), 1 514 des ex-élèves du primaire (33,74%) et 488 affaires impliquant des ex-lycéens. En effet, 1 646 arrestations concernent des personnes d'un niveau primaire, 4 190 d'un niveau moyen et 646 d'un niveau secondaire dont 48% ont été écroués. Rien que pour l'année écoulée, 671 affaires de criminalité ont été commises par des élèves en primaire, engendrant la présentation à la justice de 378 personnes dont 160 ont été écrouées. 843 affaires concernent des ex-collégiens avec la présentation de 1 110 dont 482 écroués. 123 autres affaires ont impliqué 224 lycéens dont 76 ont été écroués. Un constat inquiétant et amenant à tirer, encore une fois, la sonnette d'alarme sur les conséquences de la déperdition scolaire sur la stabilité de la population juvénile et la sécurité de la société. Famille, éducation nationale, mouvement associatif et collectivités locales doivent donner plus d'importance à ce problème et conjuguer les efforts afin de trouver des solutions adéquates au problème, et épargner à la société une forme d'instabilité potentielle.