Le Liban ferait bien d'envisager la mise en place de centres de transit pour absorber la vague de réfugiés en provenance de Syrie et pourrait même devoir créer de véritables camps de réfugiés si l'afflux se poursuit, estime la représentante pour le Liban du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés. Le Liban accueille déjà 260 000 personnes en provenance de Syrie voisine, ce qui représente 6,5% de sa population. Pour l'instant, les réfugiés sont logés au sein de la population dans des logements divers et dans des centres communautaires. Le gouvernement craint que le regroupement dans des camps de musulmans sunnites syriens n'entraîne un développement des tensions communautaires, qui couvent toujours depuis la guerre civile qui a embrasé le pays entre 1975 et 1990. Avec l'accélération du rythme des départs de Syrie, le Liban accueille désormais 3 000 personnes supplémentaires par jour. Il est de plus en plus difficile pour le Liban et le HCR de répondre à la demande. «Nous avons ce tout petit pays (...), un quart de la taille de la Suisse, avec une population de quatre millions de personnes, qui accueille 260 000 réfugiés», a déclaré à Reuters la représentante du HCR pour le Liban, Ninette Kelley vendredi soir. «Nous devons, me semble-t-il, nous préparer à l'éventualité d'une capacité d'accueil insuffisante compte tenu du niveau de la demande», a-t-elle ajouté. «Nous avons signalé au gouvernement qu'il était peut-être temps de commencer à avoir au moins deux sites de transit. Comme point de départ, ce serait une bonne chose.» Le HCR a aussi des plans pour établir des camps de réfugiés en bonne et due forme si les réfugiés continuaient à arriver en masse. Il faudra obtenir la permission du gouvernement, souligne Ninette Kelley. La réticence des autorités libanaises à mettre en place des camps de réfugiés est liée notamment à l'histoire du pays. Certains des réfugiés palestiniens qui avaient fui Israël sont devenus des acteurs de premier plan dans la guerre civile. Le problème est aussi lié à la division du pays. Certains ennemis libanais du président syrien Bachar al Assad ont ouvertement appelé le gouvernement à la création de camps de réfugiés, ne serait-ce que pour souligner l'ampleur de la répression en Syrie. Environ 60 000 personnes ont trouvé la mort depuis le début du soulèvement contre le pouvoir syrien il y a près de deux ans. Mais le gouvernement du Premier ministre libanais Najib Mikati, dominé par les alliés de Bachar al Assad, dont le Hezbollah, préfèrent participer à l'aide aux réfugiés en les logeant dans des logements particuliers et des écoles au sein de leurs propres communautés musulmanes sunnites. Selon un rapport de l'association humanitaire française Médecins sans frontières (MSF), la moitié des réfugiés au Liban reçoivent une aide médicale insuffisante. Ils sont encore plus nombreux à être insuffisamment abrités pour l'hiver.