Le trafic de ciment a pris ces derniers jours une réelle ampleur et ne laisse pas d'inquiéter des milliers d'entrepreneurs algériens. Cet important matériau de construction est presque inabordable sur le marché national. Un sac de 50 kg est cédé à pas moins de 1 000 DA au marché noir à cause des spéculateurs qui dictent leur loi. Or, selon des informations en notre possession, les agents de la direction du commerce d'Annaba, notamment ceux du contrôle de la qualité et des prix, ont saisi dernièrement une grande quantité de ciment frelaté. Cette saisie a été estimée, selon la DCP, à plus de 1 175 kilos de ciment mis en vente sur le marché local. Soulignons dans ce même contexte que la Gendarmerie nationale a fait tomber dans ses filets un cadre de la cimenterie et plusieurs entrepreneurs de l'Est qui sont des proches collaborateurs. Les mis en cause étaient en possession de faux documents d'attribution de marchés pour bénéficier d'un approvisionnement en ciment. Le parquet d'Azzaba s'est saisi de cette affaire de trafic de ciment et le procureur République a requis une peine de cinq années d'emprisonnement contre les auteurs de ce vaste trafic. La facture des importations des ciments de construction (cinq types de produits) avait augmenté de 94,67% en 2012, passant à 244,4 millions de dollars contre 125,537 millions en 2011, selon un bilan du CNIS. Le déficit de l'Algérie en ciment dépasse les 2,5 millions de tonnes par an, selon les estimations du groupe GICA. Or, ce manque de l'offre provoque souvent une flambée des prix sur le marché, notamment avec les différents projets en cours de réalisation dans le secteur du bâtiment. La production nationale actuelle de ciment est de plus de 18 millions de tonnes par an dont 11,5 millions de tonnes sont assurées par les douze cimenteries publiques. Le groupe GICA ambitionne de produire 20 millions de tonnes à l'horizon 2016 et 29 millions de tonnes d'ici à 2018, selon nos sources. Les services de sécurité ne cessent de diligenter des enquêtes pour stopper l'hémorragie et surtout arrêter les individus qui saignent l'économie nationale pour s'enrichir illicitement sur le dos du citoyen. Des condamnations fermes contre des trafiquants de ciment Des peines de prison de 5 ans avaient été prononcées par le tribunal criminel de Constantine à l'encontre de huit principaux accusés sur un total de 68 individus poursuivis dans une affaire de trafic de ciment dans cinq villes de l'Est algérien, à savoir Constantine, Sétif, Batna, Tébessa et Skikda. Les informations judicaires indiquent que des condamnations avaient été prononcées contre le sous- directeur commercial de la cimenterie de Hamma Bouziane et sept promoteurs qui avaient bénéficié d'une aide de l'Etat pour l'achat de ciment pour la réalisation de programmes de logements sociaux fictifs. Trente autres individus liés à cette affaire avaient été accusés et condamnés à une peine de prison de 9 mois pour les chefs d'inculpation de falsification de documents, faux et usage de faux, usurpation d'identité, spéculation sur le ciment et fraude fiscale. Les autres personnes avaient été acquittées par le parquet. Les faits remontent au mois de février 2010 lorsque les éléments de la Gendarmerie nationale avaient enquêté sur une pénurie de ciment et sur l'augmentation du prix du sac de 50 kg qui a atteint le triple du prix officiel. Durant les investigations des services de sécurité, il avait été découvert qu'une importante quantité de plus de 250 000 tonnes de ciment avait été détournée pendant les années 2007, 2008, 2009 à partir de cinq cimenteries du pays. Ces milliers de tonnes de ciment détournées et vendues sur le marché noir illégalement à des prix élevés auraient pu être utilisées pour la réalisation, selon des spécialistes, de 8 900 habitations de type F3. Un bénéfice net avait été réalisé par les trafiquants estimé à plus de 2,28 milliards de dinars sur le dos de l'Etat, révèle-t-on. En 2010, le procureur de la République près le tribunal d'Ain Touta, dans la wilaya de Batna, avait écroué des responsables d'agences bancaires et des fonctionnaires à la cimenterie d'Ain Touta pour fraude et spéculation sur le ciment. Or, un nombre de 55 personnes avaient été présentées au parquet de cette wilaya dont trois employés de la cimenterie et deux responsables des agences de la BADR de Djemaa et de la CPA de Touggourt qui avaient été emprisonnées. La gendarmerie avait déterminé que les mis en cause étaient accusés pour le détournement de 163 000 tonnes de ciment de ladite cimenterie pour la valeur de 100 milliards de centimes. L'enquête avait révélé que plusieurs entrepreneurs et commerçants avaient bénéficié de cette quantité de ciment détournée avec l'étroite complicité de ces responsables versés dans ce fructueux trafic. Des renseignements étaient parvenus à la section de recherche de la gendarmerie de Batna faisant état de quelques personnes qui avaient déposé des dossiers falsifiés au niveau de la cimenterie d'Ain Touta pour obtenir des quotas de ciment. Ces personnes avaient ainsi utilisé des registres du commerce de quelques commerçants et entrepreneurs en guise de réalisation de projets d'habitat. Les dossiers falsifiés étaient acceptés avec la complicité de trois fonctionnaires des directions commerciale, de la programmation et de la facturation, souligne-t-on. Notons que les trafiquants avaient agi avec la complicité de responsables des agences bancaires pour obtenir des comptes au nom des propriétaires des registres du commerce afin d'effectuer des versements d'argent sur le compte de la cimenterie en question, a-t-on appris.