Spéculations, détournements d'argent, actes de vandalisme et fait du prince… : Est-ce les prémices d'une réorganisation effective de la filière du ciment en Algérie ? En tout cas, c'est ce que laissent croire les derniers soubresauts du secteur. Les importations importantes du ciment pour noyer le marché, l'affaire, «scabreuse» de la cimenterie d'Aïn Touta, dans laquelle 55 personnes ont été jugées pour le détournement de 100 milliards de centimes et les réformes structurelles de la filière… sont autant d'indices qui révèlent que l'Etat veut absolument assainir le secteur. D'après les observateurs, l'assainissement du secteur du ciment, n'est pas du tout une sinécure, car la désorganisation est telle qu'il faut passer par des étapes structurelles dans la production, la distribution et enfin les mécanismes du marché. Mais tout le monde s'accorde à dire que l'Etat, avec la création du groupe Gica qui est un holding regroupant 12 entreprises, est dans la bonne voie de réorganiser radicalement la filière du ciment. Ceci est aussi une urgence pour étayer les grands projets du quinquennal 2010/14. Pour y advenir, Mohamed Benmeradi, ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'Investissement (IPMI), a réuni avant-hier les protagonistes du secteur, afin d'examiner la situation et les projets de développement, a indiqué avant-hier ce département ministériel dans un communiqué. Pour rappel, un investissement de 141 millions de dinars a été consacré afin d'atteindre une production de 20 millions de tonnes de ciment et 7 millions de tonnes de granulats. Ceci a été effectif, grâce aux conventions de financement à des conditions avantageuses avec le Fonds national d'investissement (FNI) et la Banque extérieure d'Algérie (BEA). Cimenterie de Aïn Touta : les dessous d'une affaire générique du secteur Cinquante-cinq personnes ont été présentées devant le procureur du Tribunal d'Aïn Touta (Batna), pour répondre aux griefs de spéculation sur le ciment. Les incriminés sont partagés entre des fonctionnaires de la cimenterie d'Aïn Touta et des responsables d'agences bancaires. Le Procureur de la République a décidé d'écrouer deux responsables de la Badr de Djemaâ (El-Oued) et du CPA de Touggourt (Ouargla), ainsi que trois fonctionnaires de la cimenterie d'Aïn Touta, pour fraude et spéculation sur le ciment. D'après le rapport des investigations de la Gendarmerie, les présumés accusés sont impliqués dans le détournement de 163.000 tonnes de ciment de cette cimenterie, estimé à près de 100 milliards de centimes. On apprendra aussi que certaines personnes ont déposé, à la cimenterie d'Aïn Touta, des dossiers falsifiés pour bénéficier de quotas de ciment. Les mis en cause ont également ouvert des comptes au nom des propriétaires des registres du commerce, connus dans la région, aux agences bancaires suscitées, avec la complicité de responsables de ces derniers, qui ont facilité aux spéculateurs le versement et le transfert des sommes d'argent faramineuses sur le compte de la cimenterie. Gica, un groupe en pleines mutations S'agissant du nouveau groupe Gica, créé en novembre 2009 par transformation de l'ex SGP «industrie des ciments», il est constitué notamment de 12 sociétés de ciment, relève la même source en précisant que la production nationale du ciment en 2009, a atteint 18,243 millions de tonnes, dont 63 pc réalisés par les entreprises publiques. Le Gica est né avec la dissolution des fonds de participations et la mise en place de « Holding Publics», comme nouveau cadre juridique, sensé redynamiser les reformes du secteur public. Chapeauté par un «Conseil National des Participations de l'Etat agissant à la fois comme force publique et unique actionnaire en vertu de disposition de l'ordonnance N°25-95 du 25 septembre 1995 relative à la gestion de capitaux marchands de l'Etat. Ainsi, les Sociétés de ciments ont basculé dans le portefeuille du Holdin «Bâtiment et Matériaux de Construction» qui, en 1997, a engagé un vaste programme de désengagement des unités de production, plus particulièrement celle du bâtiment. Bien éphémère expérience, puisque elle ne dura pas longtemps. En effet, l'Etat consacra, encore une fois, la liquidation des Holdings et leur remplacement par les «Sociétés de Gestion des Participations», en exécution de l'Ordonnance N° 04-01 du 20 août 2001, relative à l'organisation, la gestion et la privatisation des EPE. La S.G.P- GICA «Industrie des Ciments» hérita alors des SPA entreprises des ciments et dérivés.