Dans sa campagne d'hostilité contre l'Algérie, le Makhzen manipule à présent les mosquées, et mobilise même les imams pour essayer de rameuter l'opinion marocaine. Ainsi, un imam, ne s'encombrant d'aucun scrupule, a été jusqu'à lancer du haut de sa tribune un appel au président algérien, Abdelaziz Bouteflika, pour, dit-il, «annoncer solennellement sa décision de céder sur le Sahara Occidental, avant de trépasser». Seul le régime marocain est capable de pareille ignominie. On ne doit pas chercher longtemps pour comprendre les réelles motivations de cette nouvelle campagne de dénigrement ; à chaque fois que le pays est confronté à des moments de crise, comme c'est le cas aujourd'hui, les officines s'agitent pour créer la diversion, en inventant des polémiques avec l'Algérie. Cela a commencé par cette sortie fantasmagorique du chef du parti de l'Istiqlal, qui réclamait la «reconquête» de trois ville algériennes, et on ne sait plus où cela va s'arrêter. Il est curieux de constater qu'au lendemain même de cette mystérieuse déclaration de Youcef Chabbat, l'Istiqlal, connu pourtant pour être un relais zélé du régime, décide de quitter le gouvernement auquel il reprochait son apathie, et aussi son mutisme sur l'affaire du Sahara Occidental. Le parti va, bien entendu, renoncer à sa décision, après l'intervention du roi Mohammed VI en personne. C'est donc la preuve que le pays est en butte à une crise politique latente, qui peut déboucher sur des situations autrement plus graves que les observateurs marocaines appréhendent sérieusement.