Le trafic des biens culturels prend de l'ampleur dans notre pays. C'est un fait incontestable que viennent confirmer les statistiques des services de la Gendarmerie nationale qui font pourtant de leur mieux pour la protection de nos trésors à la double dimension historique et culturelle en engageant, à cet effet, d'importantes mesures, dont la plus importante est la création de cellules spécialisées dans la lutte contre les atteintes aux biens culturels. Aussi, on notera la formation de 22 gendarmes spécialisés, s'ajoutant ainsi au dispositif déjà existant en matière de lutte contre toutes les formes de criminalité. En outre, le commandement de la Gendarmerie nationale est sur le point d'élaborer un programme de recyclage sur la protection du patrimoine culturel, au profit des éléments des deux brigades spéciales (Ghardaïa et Djanet) du 4e Commandement régional d'Ouargla. Des descentes de patrouilles effectuées régulièrement dans les sites historiques et les zones archéologiques protégées, et des points de contrôle montés sur les accès et routes y menant pour traquer d'éventuels trafiquants. La GN ne lâche pas les trafiquants, mais l'aspect lucratif de la chose encourage le pillage des biens culturels. Il est vrai que la vente d'un objet archéologique ou d'une pièce numismatique rapporte gros. D'autant plus que les circuits de commercialisation vers l'étranger se mettent rapidement en marche lorsqu'il s'agit d'effectuer ce genre de transactions. Pour la seule période du premier trimestre de cette année 2013, les gendarmes ont récupéré 357 pièces archéologiques et procédé à l'arrestation de 14 personnes pour un total de 23 affaires liées à l'atteinte au patrimoine national traitées puis envoyées à la justice. Des chiffres qui démontrent que ce trafic prend désormais la forme de criminalité organisée, dont les auteurs ne lésinent pas sur les moyens en agissant dans un cadre structuré et en adoptant de nouvelles techniques. L'essentiel pour eux est de réussir dans leurs sales besognes, au risque de piller le patrimoine national des biens culturels. D'ailleurs, c'est dans l'optique de faire face à ce fléau que le Commandement de la GN a organisé, au profit du personnel des unités spécialisées en police judiciaire, des formations de recyclage axées sur la lutte contre les atteintes aux biens culturels (techniques d'investigation, procédures, processus criminalistique). En 2012, le bilan de la GN concernant les activités liées à la lutte contre les atteintes aux biens culturels portait sur la saisie de 495 pièces et l'arrestation de 43 personnes pour 25 affaires. Des statistiques qui confirment la hausse d'année en année de ce trafic dans la mesure où en 2011, la Gendarmerie nationale a récupéré 278 pièces et arrêté 27 personnes, découvrant dans la foulée une dizaine de sites archéologiques lors de ses nombreuses activités relatives à la lutte contre la criminalité. La GN a constaté par ailleurs 9 affaires liées à la vente illégale des objets archéologiques, 6 affaires de contrebande des objets d'art et 3 affaires de dégradation, destruction, mutilation et abattage. Selon les statistiques, le plus gros des opérations enregistrées l'année passée ont eu lieu à l'est du pays où 80% des prises ont été effectuées (435 pièces archéologiques et 43 arrestations) par les unités de la Gendarmerie nationale du 5e Commandement régional de Constantine, en collaboration avec la cellule régionale de lutte contre les atteintes aux biens culturels de Souk-Ahras. Ceci s'explique par la richesse patrimoniale que recèle cette région. À Guelma, par exemple, les gendarmes ont saisi 397 pièces archéologiques, tandis qu'à Souk-Ahras, 34 pièces ont été récupérées. 28 objets ont été saisis en outre à Alger et 14 à Ouargla. Le 1er Commandement régional de Blida, assisté par la cellule régionale de Tipasa, a récupéré, pour sa part, 31 pièces archéologiques et procédé à l'arrestation de 5 personnes, contre la saisie de six pièces par le 2e Commandement régional d'Oran, en collaboration avec la cellule régionale de lutte contre les atteintes aux biens culturels d'Oran. Enfin, on compte 23 pièces archéologiques saisies au sud du pays par les unités du 4e Commandement régional de la GN de Ouargla. Récupération de 10 455 pièces archéologiques depuis l'année 2000 Le trafic des biens culturels a commencé à prendre de l'ampleur au début des années 2000, lorsque des bandes organisées entamaient leurs sales entreprises en pillant de précieux objets à la valeur inestimable. De 2000 à 2012, on compte la récupération, par les différentes unités en charge de la lutte contre les atteintes au patrimoine culturel, de 10 455 pièces archéologiques et le traitement de 109 affaires qui ont mis en cause 132 personnes, dont 14 sont de nationalités étrangères. De 2000 à 2010, le bilan fait état de la récupération de 9 065 pièces numismatiques, dont 6 989 en 2006, de 861 pièces préhistoriques, dont 655 en 2007, de 105 mosaïques, de 279 fragments (céramique, métal...), de 76 statues (marbre, métal...) et de 18 armes antiques. Si entre 2000 et 2005, la situation était plus ou moins «tranquille» (saisie de 127 pièces), il n'en est pas de même durant la deuxième partie de cette décennie. Dès 2006, en effet, un seuil intolérable a été atteint avec la saisie de plus de 7 110 pièces archéologiques pour 11 affaires, contre 917 pièces en 2007. Une année plus tard, près de 1 490 objets archéologiques ont été récupérés, tandis qu'entre 2009 et 2010, la GN a mis la main sur 916 pièces archéologiques et découvert 42 sites archéologiques et cimetières antiques pour un total de 109 affaires constatées dans 24 wilayas et dont 83% ont été traitées par le 5e Commandement régional de la Gendarmerie nationale de Constantine. 16 cas ont été élucidés à Tébessa, 12 à Guelma, 11 à Sétif, 9 à Skikda et Souk-Ahras, 6 à Batna et 5 à Oum El-Bouaghi. À noter par ailleurs qu'au cours de ces douze dernières années, il y a eu également des dizaines d'affaires liées à la vente illégale des objets archéologiques, à la non-déclaration de découvertes de pièces archéologiques, à la vente illégale.