Nous aimerions bien que l'on nous explique le sens, pour que les populations se «retrouvent» sur la signification qu'on veut bien lui donner. On fait trop usage du concept de stabilité politique au point où il est perçu qu'il ne faudrait rien changer du personnel politique pour que le pays continue à profiter de ses bénéfiques implications. Pourquoi le personnel de la classe politique au pouvoir aime-t-il tant mettre souvent en avant la «stabilité politique», alors que l'opposition parle quant à elle d'immobilité et d'instabilité ? Et pourtant, le concept utilisé est le même, mais qui sert deux visions non pas seulement différentes, mais contradictoires. Depuis longtemps déjà, dans la bouche de nos politiciens, les mêmes mots n'ont pas le même contenu. C'est à croire que ceux-là n'ont pas vécu dans le même pays, ni n'ont puisé leurs repères dans le même système référentiel, ni ne voient la «même» chose, ni ne perçoivent la même couleur. Sur le plan politique, ils sont «daltoniens». Le feu rouge pour certains est vu vert par d'autres. Là où les «sans» pouvoir rencontrent des feux rouges, les autres par contre y voient des feux verts. La voie qui mène vers la corruption est signalée par des feux rouges. Mais il y en a qui croient que leur position de rapprochement des instances de décision leur permet de ne voir que des feux verts. Alors, c'est quoi la stabilité politique ? Ce sont les élections qui continuent à se dérouler ? Ce sont les mêmes figures que l'on voit aux rotations aux fonctions de pouvoir ? Ce sont les mêmes décisions qui se prennent même si les contextes stratégiques changent ? A contrario, l'instabilité politique se traduirait par le renouvellement de la classe politique ? L'alternance au profit de l'opposition ? Il en est jusqu'au concept de démocratie à n'avoir pas le même contenu. Ceux qui sont en position de pouvoir ou dans le cercle qui en est proche disent leur conviction que nous sommes en démocratie. Les autres disent que nous sommes dans un système autoritariste pour ne pas dire dictatorial. Les dictionnaires se lisent en fonction des distances politiques au pouvoir.