L'Unesco, réunie en session annuelle au Cambodge depuis dimanche 16 juin, a inscrit le centre historique d'Agadez, au Niger, sur la liste du patrimoine mondial, samedi 22 juin. C'est la première fois que ce label est conféré à un site culturel nigérien. Seuls deux sites naturels du pays ont jusque-là rejoint la prestigieuse liste. La ville d'Agadez, avec sa grande mosquée coiffée d'un imposant minaret en terre crue, constitue le phare du tourisme au Niger mais est actuellement désertée en raison de l'insécurité qui y règne, les pays occidentaux déconseillant de s'y rendre. La reconnaissance internationale que lui accorde l'Unesco vient couronner une dizaine d'années d'efforts. «C'est vraiment une attente de longue haleine, aussi bien des populations locales que de tous ceux qui sont là pour protéger le patrimoine et cette richesse que nous avons à Agadez. Ce n'est que justice, je pense», explique Rhissa Feltou, maire de cette «porte du désert». «Vous l'avez vu, le dossier d'Agadez était complet, il n'y avait pas à dire. Enfin, tout le monde était ému. Tout le monde a partagé ce sentiment que c'est une valeur à partager. C'est un patrimoine, ça appartient à tout le monde, et nous sommes très, très contents.» Un point de départ Si des années d'instabilité politique ont retardé l'inscription du site, pour l'édile Rhissa Feltou, c'est un tournant qui s'opère au Niger, un des pays les plus pauvres du monde. «Je pense qu'on prend conscience qu'il faut préserver et entretenir ce qui reste, parce que nous sommes un grand pays. Il y a beaucoup de priorités mais la culture est essentielle, il faut la préserver», insiste-t-il. «Parce ce qu'un peuple qui ne conserve pas sa richesse est appelé à ne pas avoir de repère», ajoute-t-il. Il dit espérer désormais que «beaucoup d'autres sites vont être rajoutés», d'autant que le Niger s'apprête à proposer d'autres sites pour une inscription sur la liste du patrimoine mondial. Et l'ardent défenseur du dossier d'inscription d'Agadez d'assurer que ce n'est là qu'un début et que le travail de sensibilisation auprès de la population pour protéger ce patrimoine allait se poursuivre. Vieille de plusieurs centaines d'années et ville décentralisée depuis la fin des premières rébellions touarègues, Agadez était également un carrefour important pour les caravaniers du Sahara nigérien. La capitale du Nord du Niger compte aussi quelques figures emblématiques qui ont fait sa renommée. Parmi eux, l'intrépide guerrier Kaocen qui assiègea, en 1912, la ville occupée par des troupes françaises. Des vestiges de la vieille ville, comme Assodé et ses dessins rupestres, sont visibles un peu partout dans cette partie du Ténéré nigérien. Les montagnes de l'Aïr sont également parsemées de mosquées, vieilles de plusieurs siècles, où le soufisme, un islam modéré, continue à être enseigné. Agadez est ainsi célèbre pour sa vieille mosquée qui surplombe la ville, un héritage du passage de l'empereur malien Askia Mohamed dans la ville alors qu'il se rendait en pèlerinage à La Mecque.