Des réformes politiques, oui, bien évidemment qu'elles sont attendues, mais pour quel nouvel ordre national à instaurer ? Qu'on le veuille ou non, la question sera inévitable. Une question pressante. Qui définira la nature de cet ordre national ? Là également, la réponse sera attendue sérieusement. I Irréversiblement, nous nous acheminons vers la tenue de l'élection présidentielle. C'est une évidence. On va, dit-on encore, consolider la construction du processus de démocratisation. Pas la démocratie, mais son processus de construction. Il est normal qu'il s'agisse du processus car il n'y a pas atteinte de l'objectif sans une longue durée de la transition. Une longue durée également pour la transaction. D'abord, il nous faudrait nous entendre sur l'identification de toutes les composantes du concept de démocratisation. La démocratie ? Quelle démocratie ? Où devons-nous nous «sourcer» pour comprendre quel type de démocratie avons-nous pour objectif de construire ? Version occidentale ? Spécificité nationale ? Version en vigueur en Inde, dont on dit que c'est la plus grande démocratie au monde ? Si la conviction a toujours été grande que la démocratie est réellement en péril, laquelle de ces versions le serait ? Y a-t-il une version arabe pour nous en inspirer ? La démocratie peut être consolidée comme elle peut être dénaturée par les jeux au sein du Parlement. Quelle démocratie si dans les deux Chambres parlementaires continue encore à se produire l'étouffement des consciences des parlementaires qui privilégient constamment la soumission aux instructions quand bien même que celles-ci soient contraires à leurs convictions ? Même remarque pour ce qui concerne le renoncement par les parlementaires de leurs missions constitutionnelles de contrôle de l'action du gouvernement. Même remarque également au constat que les deux seules missions conférées à la majorité sont celles d'approuver tout ce qui vient du gouvernement et de s'opposer à tout ce qui vient de l'opposition, c'est-à-dire, en fin de compte, de condamner l'opposition à son impuissance législative et donc le pays à ne pas absorber sa diversité. Il y a des acteurs politiques en campagne qui axent leur argumentation sur le danger que représente l'islamisme. Si l'islamisme constitue encore un grand danger, ne serait-ce pas une démocratie de sérénité qui serait en train de s'instaurer ?