Des milliers de manifestants ont investi hier Dimanche la rue, demandant le départ du Président Egyptien Mohamed Morsi. De son côté, le pouvoir islamiste a mobilisé également des milliers de ses partisans, pour des contres manifestations de l'opposition. L'armée s'est déployée mais sans intervenir. Devant de tels faits qui menacent la sécurité et l'intégrité du pays, les forces armées ont pris position devant les édifices publics mais sans intervenir pour l'instant Craignant des dérapages violents, le département d'Etat a annoncé le départ d'une partie de son personnel diplomatique et conseillé aux Américains de différer tout voyage non-indispensable en Egypte. Plusieurs pays, dont la France et la Grande-Bretagne, ont diffusé des consignes de prudence à leurs ressortissants, leur recommandant d'éviter les rassemblements ou de limiter leurs déplacements. La crainte d'une aggravation de la crise provoque en outre depuis plusieurs jours une ruée des automobilistes sur les stations-service, et pousse de nombreux Egyptiens à faire des provisions. Dimanche, premier jour de travail de la semaine, de nombreuses entreprises et bureaux étaient fermés par mesure de sécurité. Hier Dimanche, des sources sur place ont indiqué que depuis plus de 3 jours, des milliers de manifestants ont pris d'assaut la place Tahrir dans le centre du Caire. Le foule agitant des drapeaux alors que des haut-parleurs diffusaient des chants patriotiques. «?Le peuple veut la chute du régime?», scandaient les manifestants, certains brandissant des cartons rouges à l'adresse du président, accusé de gouverner au seul profit des Frères musulmans, le mouvement dont il est issu. «?C'est une deuxième révolution, et Tahrir en est le symbole?», a déclaré un manifestant. Le dernier discours de Mohamed Morsi qui avait pour objet de calmer la rue n'a fait en réalité que de jeter de l'huile sur le feu. Le Président issu du courant islamiste a accusé les fans de l'ex-pouvoir dirigé par Hosni Moubarek de vouloir le destituer, lui qui est l'élu du peuple, a-t-il indiqué. Au cours du même discours, il n'a pas manqué également d'accuser son rival Ahmed chafik, lors des élections présidentielles d'être également derrière ces événements. «Ahmed Chafik tente de renverser le pouvoir à partir de l'étranger où il se trouve, alors qu'en principe il devait se présenter devant la justice pour y être jugé» a déclaré M. Morsi devant ses partisans. Alors que la rue gronde, les forces armées redoutant des troubles dans cette épreuve de force se sont déployées à travers le pays pour renforcer la protection des installations vitales, notamment du canal de Suez. Alors que les heurts entre pro et anti-Morsi ont déjà fait huit morts. Hier des milliers de pro et anti pouvoir défilés dans plusieurs villes du pays et surtout dans la capitale. Les anti-pouvoirs qui occupaient la place « Tahrir» au centre du Caire envisageaient d'encercler le palais le palais présidentiel à Héliopolis, un quartier proche de celui de Nasr City. C'est à Nasr City, que les islamistes campent depuis vendredi pour défendre la «?légitimité?» de M. Morsi, le premier président égyptien à avoir été librement élu. Le Parti de la liberté et de la justice, émanation des Frères musulmans, a appelé à une «?mobilisation générale?» dimanche pour soutenir le premier chef d'Etat civil et islamiste du pays. Des manifestations sont également prévues en province. La journée d'hier constitue le point d'orgue de la campagne Tamarrod (rébellion en arabe), le mouvement à l'origine des appels à manifester en masse pour réclamer le départ de M. Morsi, le jour même de l'anniversaire de son investiture. Tamarrod, soutenu par de nombreuses personnalités et mouvement de l'opposition laïque, libérale ou de gauche, assure avoir collecté plus de 22 millions de signatures pour une présidentielle anticipée, soit plus que le nombre d'électeurs de M. Morsi en juin 2012 (13,23 millions). Au moment où nous mettons sous presse, des informations indiquent que plusieurs sièges des frères Musulmans ont été attaqués et incendiées. Nous y reviendrons.