C'est à partir de la wilaya d'Aïn Défla que le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a tiré la sonnette d'alarme au sujet du trafic de carburant dans notre pays. A ce sujet, M. Dahou Ould Kablia a indiqué que 25% de la production nationale de carburant «est gaspillée et exportée illégalement» aux frontières. Le ministre devait également ajouter que le phénomène de la contrebande de carburant est désormais un problème tant sécuritaire qu'économique. La pénurie de carburant dans les wilayas frontalières a contraint le gouvernement à tenir une réunion interministérielle pour examiner ce problème, a déclaré le ministre de l'Intérieur dans une conférence de presse animée avec le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Il devait rassurer que lors de cette réunion, des mesures ont été arrêtées dont sécuritaires pour contrecarrer les contrebandiers, estimant que le phénomène de contrebande de carburant «est désormais un problème tant sécuritaire qu'économique». Entre autres mesures importantes prises, figurent la saisie de tous les moyens de contrebande du carburant, des biens des contrebandiers et d'autres mesures au niveau des stations Naftal, ajoutant que la wilaya de Tlemcen consomme plus de carburant qu'Alger». Le problème de la contrebande et du trafic du carburant ne date pas d'aujourd'hui. Cet état de fait a pris de l'ampleur surtout après la dégradation de la situation sécuritaire dans les pays touchés par le dit printemps arabe. Que ce soit à l'Est, l'Ouest ou au Sud du pays, le trafic bat son plein et rien n'arrête ce trafic. A l'est du pays, les Tunisiens résidant à Tozeur, Douz, Matmata viennent à Tébessa et à El Oued pour s'approvisionner en denrées alimentaires et carburant. Selon, un fonctionnaire de frontière, les Tunisiens viennent souvent faire le plein d'essence à partir des stations les plus proches et le revendent dans le marché parallèle en Tunisie. Il explique que les services de sécurité ont réussi à diminuer ce phénomène en mettant les mécanismes nécessaires pour éradiquer ce marché de contrebande. Selon des sources dignes de foi, le premier constat à faire après les frontières, ce sont les chaînes interminables de points de vente d'essence et de gasoil sur les bas-côtés de la route. Le trafic est assuré par des réseaux bien structurés de trabendistes, surnommés, comme l'a été indiqué par un habitant de la ville de Tozeur, «les g'natria-pontiers» qui, ajoute-t-il, se servent à la pompe en utilisant des véhicules de gros tonnages dotés bien évidemment de réservoirs aux capacités importantes. Les quantités de carburant sont acheminées vers des entrepôts situés dans les régions urbaines. Dans le souci de faire face au trafic en tous genres, l'Algérie a décidé d'installer un nouveau poste à la frontière algéro-tunisienne. C'est le même scénario à l'Ouest du pays, où le trafic du carburant a engendré durant ces derniers mois une grave crise de carburant. D'énormes files d'attente se constituent au quotidien notamment à Oran et surtout à Tlemcen. Les responsables de Naftal qui se lavent les mains de cette pénurie ont indiqué qu'ils assurent la livraison des carburants même durant la nuit et les jours fériés. Ces mesures sont exceptionnelles et visent à répondre à la forte demande en matière de carburant, ont-ils ajouté. Les mêmes responsables expliquent que cette tension a été provoquée par l'accroissement de la demande estimé de près de 20% depuis le début de l'été. Le trafic des carburants a contraint également le wali de Tlemcen de plafonner la vente à 500 dinars pour les véhicules touristiques et 2 000 pour les camions et bus. Des trafiquants algériens s'approvisionnent en carburant à l'aide de véhicules disposant un grand réservoir, afin de le vendre au Maroc. La décision des autorités de Tlemcen a obligé les trafiquants de se rendre vers les stations-service d'Oran, Aïn Temouchent et Sidi Bel-Abbes pour s'y approvisionner en cette matière. Au Sud du pays, la situation est identique notamment aux frontières avec la Mauritanie, le Mali et le Niger. En somme, le ministre de l'Intérieur et l'ensemble des autorités semblent décidés et mobilisés à plus que jamais de prendre les mesures adéquates afin de répondre à la demande des citoyens et en même temps stopper le trafic du carburant.