Six mois après l'assassinat de Chokri Belaïd, président du Parti progressiste tunisien, c'est un second opposant qui vient d'être assassiné par balles devant son domicile. Mohamed Brahmi a été abattu le jour même où le peuple tunisien s'apprêtait à célébrer la fête nationale. Selon des témoignages, le corps de la victime a été criblé de balles devant son épouse et ses enfants. Quelques minutes après son assassinant, le corps de M. Brahmi a été évacué vers l'hôpital de Tunis. «Il a été abattu par onze balles tirées à bout portant», a indiqué un proche de la victime. La mort de Mohamed Brahmi a été pour les Tunisiens, l'assassinat de trop et, dès l'annonce de l'attentat, des milliers de citoyens sont sortis dans les rues, versant leur colère sur le pouvoir actuel et sur le parti islamique Ennahda. Des milliers de manifestants ont pris d'assaut l'avenue Habib Bourguiba, alors que d'autres ont décidé d'encercler le ministère de l'Intérieur. Un vent de colère a soufflé sur la capitale et sur les autres villes tunisiennes. A Sidi Bouzid, ville natale du défunt, des manifestants ont incendié les sièges d'Ennahda situés dans les quartiers de Meknassi et de Menzel Bouziane. Le gouvernorat de la même ville a été pris d'assaut avant que les manifestants ne mettent le feu. L'Union générale des travailleurs a réagi également au meurtre de M. Brahmi, annonçant une grève générale dans le pays. Au lendemain de cet assassinat, des milliers de Tunisiens ont de nouveau manifesté à Tunis pour réclamer la dissolution du Parlement et du gouvernement dirigés par les islamistes. La présidence de la République tunisienne a également décrété un jour de deuil national dans le pays. La famille de la victime a accusé le parti d'Ennahda de l'assassinat de Mohamed Brahmi. Dans une conférence de presse, le ministre tunisien de l'Intérieur a accusé un salafiste d'être impliqué dans l'assassinat de Mohamed Brahmi. Ce dernier est le même tueur qui a également abattu Chokri Belaïd, selon le ministère. Toujours et selon le ministère de l'Intérieur, l'assassin a été identifié et répond à Boubaker Hakim. Ce dernier est un membre actif des salafistes tunisiens, il a été également impliqué dans l'assassinat de Chokri Belaïd, tué aussi par balles le 6 février 2013, selon les premiers éléments de l'enquête. L'arme utilisée pour abattre Mohamed Brahmi est la même qui a servi à tuer Chokri Belaïd. Hier, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues, réclamant le départ du pouvoir islamiste. «C'est aujourd'hui qu'Ennahda doit tomber», crient les manifestants, des syndicalistes pour la plupart défilant sur l'avenue centrale Habib Bourguiba, encadrés par un dispositif de sécurité. Plusieurs manifestants indiquent qu'ils envisageaient organiser un sit-in ouvert jusqu'au départ du pouvoir islamiste. L'opposant assassiné sera enterré aujourd'hui samedi à Tunis. La famille du défunt a indiqué qu'elle n'accepterait aucun dirigeant du pouvoir lors des funérailles. Craignant des débordements et d'être pris à partie par les citoyens, le président tunisien a chargé le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Mohamed Salah Hamdi, d'organiser les funérailles du martyr Mohamed Brahmi. Selon un communiqué de la présidence, Marzouki a chargé le chef d'état-major de superviser les modalités relatives à ces funérailles et l'a mandaté pour le représenter au cours de l'enterrement qui aura lieu au cimetière d'El-Jalez. Aujourd'hui samedi, jour de repos pour les Tunisiens, sera certainement un virage fatidique pour le pouvoir islamiste en Tunisie. L'après-enterrement de Mohamed Brahmi sera chaud, très chaud, ont indiqué des chefs de l'opposition.