Un attentat à la voiture piégée a fait hier treize morts et plus de 130 blessés en Egypte, dans un complexe des forces de sécurité de la ville de Mansoura, dans le delta du Nil. Il s'agit d'un des attentats les plus meurtriers dans le pays depuis la destitution par l'armée du président islamiste élu Mohamed Morsi en juillet dernier. Le gouvernement intérimaire mis en place par l'armée a juré de continuer à combattre «le terrorisme noir». L'explosion, a-t-il précisé, s'est produite vers 1h00 du matin et huit policiers figurent au nombre des victimes. «Nous sommes confrontés à un ennemi qui n'a ni religion ni nation», a déclaré sur place le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, qui a lui-même survécu en septembre à un attentat à la voiture piégée. «Ce type d'opération ne fait que renforcer la détermination de l'Etat à éradiquer le terrorisme dans tout le pays», dit la présidence égyptienne dans un communiqué publié par les médias officiels. Des «unités de combat» de la police vont être déployées dans le pays avec pour ordre d'utiliser des balles réelles, a rapporté la télévision nationale. Le gouvernement a dans un premier temps pointé du doigt les Frères musulmans, en qualifiant la confrérie d'«organisation terroriste», mais le communiqué officiel n'accuse pas explicitement les Frères d'être responsables de l'attentat. Les Frères musulmans ont de leur côté condamné l'attaque et présenté leurs condoléances aux familles des victimes. «Les Frères musulmans condamnent dans les termes les plus fermes l'attentat contre le quartier général de la police à Mansoura», dit la confrérie dans un communiqué publié par son bureau de Londres. «Les Frères musulmans considèrent qu'il s'agit d'une attaque directe contre l'unité du peuple égyptien et exige une enquête rapide afin de traduire en justice ceux qui ont perpétré ce crime», ajoute-t-elle. Cet attentat accroît les risques de voir la violence endémique qui sévit dans le Sinaï se propager à la région du delta du Nil, qui n'avait jusqu'à présent pas connu d'attaque de cette ampleur. Un porte-parole de l'armée a condamné «une ignoble opération terroriste (...) perpétrée à l'aide d'une voiture piégée». La télévision d'Etat a montré le bâtiment atteint par l'explosion, avec ses vitres éclatées et un pan de mur effondré. Des témoins ont raconté que de nombreux véhicules avaient brûlé à l'intérieur et à l'extérieur du complexe et que la ville de Mansoura, dans le gouvernorat de Dakahliya, était plongée dans le chaos. La chaîne Nile News a interrompu ses programmes et appelé les habitants à se rendre à l'hôpital pour donner leur sang. L'Egypte est le théâtre de violences politiques quasi quotidiennes depuis le renversement de Mohamed Morsi par l'armée le 3 juillet. Plus de 1 500 Egyptiens ont été tués depuis cette date, en grande majorité des manifestants pro-Morsi, mais aussi quel-que 200 soldats et policiers victimes d'attaques et d'attentats, en particulier dans la péninsule du Sinaï où des groupes djihadistes sont actifs depuis une dizaine d'années. Les autorités et les médias officiels accusent les Frères musulmans d'être derrière cette vague de violence, ce que ces derniers démentent. La semaine dernière, la justice égyptienne a inculpé Mohamed Morsi et d'autres dirigeants de la confrérie pour une présumée «conspiration» avec le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais en vue de commettre des «actes terroristes» en Egypte à l'époque où Hosni Moubarak était encore au pouvoir.