Sept postulants ont jusqu'à présent remis leur dossier au Conseil constitutionnel depuis le lancement de l'opération de dépôt de candidatures. Plusieurs candidats ont retiré leurs dossiers jugeant que l'opération est déjà jouée, et qu'elle ne se déroulera pas du tout dans les normes de la «transparence» et la «crédibilité». Sofiane Djilali, le général Mohamed-Tahar Yala, Ahmed Benbitour, Ali Brahim, Kamel Benkoussa, les noms de ceux qui allaient être candidats aux prochaines élections mais qui ont jeté l'éponge avant la fin du délai de dépôt, pour la raison que les cartes des échéances électorales sont jouées, et que le prochain président de la République est déjà élu avant le scrutin du 17 avril. Pour sa déclaration à l'opinion publique, Kamel Benkoussa a choisi un lieu symbolique. En effet, c'est au cimetière d'El-Alia qu'il a rendu hommage aux martyrs et aussi annoncé son retrait. L'ex-candidat s'est rendu à El-Alia, où sont enterrés la plupart des hommes qui ont marqué l'histoire du pays, pour annoncer son choix , à travers un discours, sans concessions et surtout sans leurre sur la prochaine élection. «Je me présente aujourd'hui devant vous pour annoncer le retrait de ma candidature à cette élection présidentielle jouée d'avance et totalement fermée. L'Algérie traverse une période d'instabilité majeure, c'est un moment charnière de son histoire. Jamais elle ne s'est retrouvée dans une telle impasse politique et économique. Jamais elle n'a été aussi fragile depuis son indépendance en 1962. L'heure est grave et je mesure l'urgence de la situation.» Le jeune candidat avait considéré que «cette élection présidentielle aurait pu apporter cet élan d'espoir tant attendu pour une réelle réconciliation entre l'Etat et le peuple. Mais il semblerait que l'équilibre des pouvoirs, si cher à leur cœur, ne permette pas un réel changement démocratique en Algérie». Quant à Sofiane Djilali, il avait annoncé vendredi, lors d'une session spéciale, la décision prise par son conseil national de se retirer des élections présidentielles du 17 avril prochain. Dans un communiqué, Sofiane Djilali a souligné que malgré les 60 000 signatures collectées, et bien que son dossier soit prêt, il ne le déposera pas au Conseil constitutionnel, affirmant ainsi son retrait du scrutin. De ce fait, Jil Jadid boycotte ce qu'il décrit de mascarade, faisant savoir que tous ses cadres, militants et sympathisants, partie intégrante du peuple algérien, sont motivés pour manifester d'une manière pacifique afin de réclamer ce coup de force. Lors d'une conférence de presse animée lundi à Alger, l'ancien chef de gouvernement Benbitour a aussi renoncé au dépôt du dossier de candidature qu'il dit avoir préparé. Il a déclaré avoir réuni plus de 85 000 signatures individuelles qu'il a, d'ailleurs, présentées dans des cartons aux journalistes. Autrement dit, Ahmed Benbitour assure avoir pris une décision politique en raison de l'absence d'un processus électoral «légal, propre et transparent». Pour Benbitour, la présidentielle d'avril prochain est une non-élection, puisque tout a été préparé pour approuver le 4e mandat d'un président absent depuis presque deux ans. Ahmed Benbitour a aussi abordé le problème de piratage de voix du peuple au profit du maintien de Bouteflika à la tête de l'Etat. Le plus grave pour lui est sa certitude que le président sortant ne gouverne pas et ne pourra pas gouverner après le 17 avril, à cause de ses problèmes de santé. La décision d'Ahmed Benbitour n'était pas du tout une surprise, du moment qu'il fait partie du fameux groupe des «20» qui a majoritairement opté pour le boycott. Une option considérée comme la meilleure manière de mettre à nu ce que l'opposition désigne désormais de une «mascarade électorale». Des candidats qui déposent leurs dossiers, d'autres qui boycottent, retirent le leur, et des citoyens chamboulés, choqués et inquiétés sur la tournure que va prendre cette opération électorale et surtout sur l'avenir du pays, surtout après le dépôt de dossier d'Abdelaziz Bouteflika lundi au Conseil constitutionnel, lors d'un bref passage, avec deux trois mots à peine prononcés. Suite à l'apparition de de Bouteflika, les internautes balancent entre deux opinions, les avis divergent entre la décision de certains élus de retirer leurs dossiers, pensant que de ce fait, ils donnent plus de chance à Bouteflika pour maintenir le pouvoir et avoir la victoire dans la poche. D'autres encouragent cette opération de boycott, jugeant que le scénario est déjà écrit, le personnage principal qui est le président, déjà élu, et que cela ne sert à rien de tenter sa chance.