Le premier tour des élections municipales qui a eu lieu dimanche a enregistré un niveau d'abstention record, des électeurs de gauche déboussolés et démobilisés, un électorat de droite en partie requinqué par la contre-attaque de Nicolas Sarkozy trois jours avant l'élection: le climat de ce premier tour des municipales s'est avéré explosif pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault, qui affrontaient dimanche leur première grande épreuve électorale, après des législatives partielles, toutes perdues par le PS depuis 2012. Il faut savoir qu'à presque mi-mandat, ce premier scrutin s'est vu sévèrement sanctionné par les Français, au soir du premier tour. Même si les élections intermédiaires sont systématiquement mauvaises pour le parti aux affaires, l'ampleur de la défaite annoncée est préoccupante pour le pouvoir. Alors qu'ils enregistrent une impopularité record, le président français et son Premier ministre ne s'attendaient pas à des merveilles mais espéraient limiter la casse. La démobilisation de l'électorat PS, qui a nourri une abstention record, a réduit en miettes ces espérances. «Les élections, c'est bête et méchant, notait dimanche soir un député PS. C'est un vote sanction, point.» «Hollande a perdu ses électeurs, depuis les fonctionnaires, jusqu'aux derniers. Sans compter l'électorat populaire, qui a décroché depuis longtemps, le président paye l'illisibilité de sa politique», estime-t-on . le taux d'abstention estimé par le ministère de l'intérieur sur près de 23 millions de bulletins dépouillés s'élevait en métropole à 38,72 %, soit plus de 5 points de plus que lors du premier tour des élections municipales de 2008. L'abstention est supérieure à 50% des inscrits dans près d'une centaine de villes françaises. Les plus forts taux d'abstention sont atteints à Vaulx-en-Velin (Rhône, 62,12%), Roubaix (Nord, 61,58%), Villiers-le-Bel (Val-d'Oise, 61,44%), Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne, 61,35%) et Evry (Essonne, 61,29%). Dès le premier tour, 391 villes ont déjà élu leur maire. La plus importante en termes de population est Bordeaux, avec Alain Juppé. La droite en remporte 250, la gauche 139 et l'extrême droite 2 (Hénin-Beaumont et Orange). Le Front national est arrivé en tête du premier tour dans les villes de plus de 10 000 habitants, annonce-t-on. Il s'agit de Saint-Gilles (Gard, 42,57%), Fréjus (Var, 40,3%), Villers-Cotterêts (Aisne, 32,04%), Cogolin (Var, 39,03%), Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence, 27,69%), Hayange (Moselle, 30,41%), Avignon (Vaucluse, 29,63 %), Beaucaire (Gard, 32,84 %), Brignoles (Var, 37,07%), Perpignan (Pyrénées-Orientales, 34,19%), Cluses (Haute-Savoie, 31,41%), Tarascon (Bouches-du-Rhône, 39,24%), Mantes-la-Ville (Yvelines, 21,66%), Marseille 7e secteur (Bouches-du-Rhône, 32,88%), Montigny-en-Gohelle (Pas-de-Calais, 28,86%), Forbach (Moselle, 35,75%). Le FN arrive également en tête au Luc (Var, 37,00%). Le parti de Marine Le Pen a annoncé son intention de se maintenir au second tour partout où il sera en mesure de le faire. Outre les 17 villes où il arrive en tête, le FN arrive en deuxième position dans 44 villes. Dans 19 d'entre elles, c'est la droite qui arrive en tête. En sens inverse, c'est une liste de gauche qui le précède dans 25 de ces villes. La France a voté, et c'est une France en crise qui a voulu infliger un désaveu au gouvernement, à la gauche et à la politique en général. La combinaison d'un niveau historique d'abstention, d'une très forte poussée du FN presque partout en France et d'une UMP qui fait le plein malgré les affaires, dresse une cartographie d'un pays malade qui ne voit plus l'intérêt de participer à une élection actuelle.