Au vu de ce qui se passe en Irak, on assiste à ce qui était prévisible selon beaucoup d'observateurs. Un démembrement tel qu'il était planifié dans le plan israélien (Oded Ynon). Rappelons que ce plan élaboré en 1957 sous le titre «stratégie israélienne pour les années 80» s'est quelque peu heurté à certaines contraintes sans toutefois perdre de son efficacité. D'ailleurs, plus de cinquante ans après, il se réalise avec notamment tous les troubles et les partitions envisagés dans le monde arabe. Pour ce qui concerne l'Irak, beaucoup d'Irakiens regrettent amèrement l'ère Saddam. Actuellement, les Irakiens assistent passivement au démembrement de leur pays. Les islamistes sunnites (irakiens et autres) regroupés dans l'Emirat islamique en Irak et au Levant (EIIL - en arabe Daesh) ont conquis ces derniers temps de vastes territoires à la fois dans le nord-est de la Syrie (province de Raqqa) et dans l'ouest de l'Irak (province d'Al-Anbar, Ramadi, Falloudja). L'EIIL est un projet américano-israélo-saoudien. A ce propos, le Réseau Voltaire écrit : «L'EIIL est commandé par Abou Bakr Al-Baghdadi pour le compte du prince Abdul Rahman Al-Faiçal (frère du ministre saoudien des Affaires étrangères et de l'ambassadeur saoudien à Washington). Il est co-financé et encadré par des officiers états-uniens, français et saoudiens. Depuis un mois, il dispose d'armement nouveau en provenance d'Ukraine, où l'Arabie saoudite a acquis une usine d'armement, et via la Turquie, qui a installé une ligne spéciale de chemin de fer à proximité d'un aéroport militaire pour approvisionner l'EIIL.» Le 6 juin 2014, les islamistes s'emparent de la province de Ninive (avec la ville de Mossoul) et poursuivent leur offensive en direction de Bagdad. L'armée irakienne d'Al-Maliki s'effondre, des dizaines de milliers de militaires désertent. Ceux qui ne fuient pas assez vite et qui n'ont pas la «bonne» religion sont exécutés par les djihadistes : l'EIIL massacre 1 700 soldats irakiens de confession chiite. Les civils quittent par centaines de milliers les régions conquises par les fanatiques religieux. Simultanément, les peshmergas du gouvernement autonome kurde en profitent pour consolider leurs positions, notamment en occupant la ville de Kirkouk disputée aux djihadistes. Les bases sont pour ainsi dire posées pour la création des trois entités irakiennes « indépendantes » prévues au scénario. Bien entendu, le séisme irakien de juin 2014 n'est pas le fait du hasard mais résulte d'une longue préparation par les puissances de tutelle de l'EIIL, la plus visible d'entre elles étant l'Arabie Saoudite. Paradoxalement, les deux autres puissances cachées derrière l'Arabie, en l'occurrence les USA et Israël, sponsorisent en même temps toutes les parties irakiennes concernées : islamistes, séparatistes kurdes et régime de Bagdad. Mais cette situation n'est paradoxale qu'en apparence quand on se remémore les objectifs visés : chaos général et démembrement.