La femme algérienne a fait de grands progrès dans les domaines de l'emploi, où elle a prouvé son sérieux et ses compétences professionnelles. Elle a pu accéder à des postes de haut niveau dans tous les domaines, et a gardé sa valeur dans la société. Toutefois cela ne les met pas à l'abri des ambitions de ces âmes humaines malades qui courent derrière leur caprice. Le phénomène du harcèlement moral et sexuel dans les lieux de travail est devenu un cauchemar qui entrave la carrière professionnelle des femmes, d'autant que ce phénomène est un tabou qu'on n'en parle dans la société algérienne. Les Algériennes préfèrent garder le silence. De ce point de vue et en raison de l'ampleur de ce phénomène dans les milieux professionnels, «La Nouvelle République» a fait un sondage sur les points de vue des victimes et des spécialistes sur cette question. Des harcèlements dans la rue et les transports ? Les femmes avec qui nous avons parlé, nous ont souligné que «la rue et les places publiques ne sont pas du tout sécurisées. Nous sommes exposées aux harcèlements des différents segments de la société, ce phénomène ne se limite pas à grand ou petit mais inclut tous les âges et des deux côtés soit de la part du harceleur ou de la part de la victime». Précisant que le plus danger, c'est quand ce phénomène dépasse au-delà du harcèlement moral incarné dans le discours du harcèlement sexuel, qui est une atteinte à la sainteté des femmes, et leur droit de se déplacer et vivre dans la paix et la dignité. Plusieurs histoires de harcèlement de femmes qui y sont exposées dans des lieux publics, les rues, les marchés et dans les bus sont racontées, comme «Nawel», une étudiante que nous avons rencontrée à la gare où elle nous a dit qu'elle est constamment exposée à divers harcèlements, surtout dans les moyens de transport, où elle se trouve obligée de descendre et marcher à pied juste pour se débarrasser du harceleur. Quant à «Saliha», une jeune fille de vingt ans, travaillant dans un établissement public, elle a fermement dénoncé ces actes des harceleurs, qui sont accomplis dans les rues et les bus. Cette situation prive de facto les femmes de se déplacer en toute sécurité et liberté. Les incidents racontés par les femmes sont les mêmes, cependant la réaction de chacune diffère. Certaines d'entre elles ont dit qu'elles se défendent quand elles sont exposées à un harcèlement dans l'indifférence totale des gens autour d'elles. D'autres ont dit «des fois on se trouve obligé de déposer une plainte contre le harceleur auprès des services de sécurité». Par contre quelques unes préfèrent s'éloigner du harceleur pour éviter les problèmes et la perception de la société qui accuse toujours la femme. L'extorsion et les négociations touchent les femmes dans les lieux de travail. Les milieux professionnels représentent des lieux respectables de valeur et d'éthique, mais ces qualités ne sont plus disponibles dans plusieurs établissements, en raison de la prévalence du harcèlement sexuel et moral dans ces lieux, qui sont censés être un refuge pour les femmes. Mais le harcèlement sexuel et moral exercé par les responsables, les directeurs et les collègues sur les femmes qui travaillent avec eux, a fait du travail un environnement fertile pour la propagation de ce phénomène, vu la grande participation des femmes dans tous les domaines de travail, où elles passent la plupart de leur temps au travail ce qui donne aux harceleurs l'occasion d'exploiter toutes les possibilités pour faire tomber leurs victimes. Ce genre du harcèlement est généralement commis par les responsables qui ont un poids et un pouvoir dans les lieux de travail. Ces chefs les menacent de licenciement si elles parlent, et ainsi, ils les exploitent pour satisfaire leur instinct. Dans les lieux de travail, la femme la plus élégante et belle est plus vulnérable au harcèlement surtout si elle occupe le poste de secrétaire où elle est toujours astreinte d'avoir une belle tenue car appelée à recevoir de grandes personnalités et être proche de son directeur. La plupart des hommes accusent la femme d'être responsable à cause de son comportement attirant, voire la façon de s'habiller et ses manières de se tenir avec ses collègues qui sont secoués. Dans une discussion avec un groupe des travailleuses, elles nous ont souligné que le harcèlement dans les lieux de travail dans toutes les formes est la plus laide façon de violation des droits des femmes et de son corps, «et pour cela la femme doit sortir du centre de retard social sombre et donner un large et grand espace pour discuter de ce phénomène, afin de le retirer de la liste des tabous. Car ce tabou touche la catégorie la plus importante dans la société qu'est la femme, qui incarne la mère, la sœur et l'éducatrice des futurs générations, et qui doit être respectée et défendue», disent-elles. Dans le même contexte, une des travailleuses, madame «S», nous a raconté son histoire avec le harcèlement qu'elle subi par son directeur de travail. «Au début, c'était un boniment qu'il exprime par son admiration, puis il s'est transformé en un harcèlement sexuel et tentative d'agression», a-t-elle souligné. Et là elle nous a dit qu'elle n'a pas pu contrôler ses nerfs et qu'elle l'a giflé pour s'échapper. Son licenciement a été à effet immédiat. Quant à la jeune fille de vingt ans «R», travaillant dans une des institutions publiques, elle a déclaré avoir été harcelée par un collègue de travail. Le résultat ne s'est pas fait attendre, démission déposée sur le champ. La peur du scandale et de la perte de travail obligent les travailleuses à se taire? Avec la propagation des harcèlements sexuels, les travailleuses vivent tous les jours avec une grande souffrance et de peur. Les femmes qui ont subi un harcèlement préfèrent garder le silence, ce qui ouvre les portes devant les harceleurs qui cherchent toujours à attraper leur proie. Ces harceleurs profitent de par la faiblesse et la peur, des femmes qui ont peur de perdre leur emploi. Certaines femmes travailleuses qui ont été victimes d'un harcèlement n'ont jamais déclaré la raison de leur démission de peur du scandale qui les guette. Certains agresseurs menacent les femmes en leur disant qu'ils vont les exposer devant tout le monde, et disent que ce sont les femmes cupides qui ont harcelé les hommes vu le nombre de postes de travail limité. Ce ne sont que quelques témoignages recueillis auprès de certaines femmes qui expriment leur grande souffrance devant ce phénomène immoral.