Le Brent a été coté en fin de journée du 9 janvier 2015 à 50,03 dollars, le WIT 48,39 dollars , l'euro à son cours le pus bas à 1,18 dollar, avec une remontée de l'once d'or à 1219 dollars, le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole. Or, l'énergie constitue le cœur de la sécurité des Nations et constitue la principale ressource exportatrice de l'Algérie, 98% et 70% du pouvoir d'achat des Algériens en dépend. Le développement du gaz de schiste, est une option pour l'Algérie au-delà des contraintes financières et environnementales, selon le ministre de l'Energie. Le dialogue étant un des fondements de la bonne gouvernance, l'objet de cette contribution est de poser objectivement l'opportunité de cette option. Pour avoir connu très bien cette région, notamment Ouargla, Ghardaïa, El Goléa et In Salah, en tant qu'officier d'administration de la route de l'Unité africaine durant les années 1972/1973, c'est une population paisible, ouverte au dialogue , profondément surtout attachée à l'unité nationale et solidaire. Et bien entendu l'on doit éviter de se focaliser uniquement sur cet aspect. La chute actuelle du cours des hydrocarbures doit nous faire prendre conscience une fois pour toute que le fondement stratégique est de réaliser rapidement la transition vers une économie hors rente. D'autres concurrents comme l'Iran (15% des réserves mondiales ) dont un accord devrait avoir lieu courant 2015 avec les USA et l'Europe levant l'embargo, et du Qatar (10%) qui a pris des parts de marché en Europe à l'Algérie, sans compter la Chine qui détient les premières réserves mondiales de gaz de schiste, combiné aux investissements dans les énergies renouvelables qui en feront un leader mondial , possédant surtout la ressource humaine , richesse bien plus importante que toutes les réserves d'hydrocarbures, le Mozambique qui deviendra le deuxième ou troisième réservoir d 'or noir en Afrique, la découverte de plus de 20.000 milliards de mètres cubes gazeux en méditerranée orientale, le retour de l'Irak et de la Libye, la concurrence risque d'être encore plus rude pour l'Algérie .Comme ce marché est segmenté à l'instar du gaz conventionnel où les canalisations représentent environ 70% de la commercialisation mondiale du gaz, la concurrence en Asie des projets russes et qataries, se posera également toute la problématique de la rentabilité des GNL algériens à faibles capacités en plus des importants investissements en moyens de transport, (méthaniers appropriés). Comme il faudra amortir les installations par canalisations,(Transmed et Medgaz) , les projets Galsi via la Sardaigne et le Nigal (Nigeria -Europe via l'Algérie) dont les coûts de réalisation du fait des retards ont augmenté de plus de 50% par rapport au cout initial , étant toujours en gestation . Qu'en sera t-il pour l'Algérie, le gaz représentant environ 40% des recettes de Sonatrach ? Or, entre 2015/2017-2014, outre que les USA seront exportateurs en Europe, la majorité des contrats à moyen terme auront expirés et selon certaines informations crédibles, les principaux partenaires européens demanderont une révision à la baisse du prix de cession du gaz conventionnel ? Cela ne peut qu'influencer le prix de cession du gaz non conventionnel. L'Algérie n'est pas seule sur le marché mondial. Il existe une concurrence internationale. L'on doit tenir compte de la dispersion des gisements dont la durée de vie contrairement au gaz conventionnel est limitée dans le temps, selon l'intensité de l'extraction dépassant rarement 5 années, devant fracturer la roche sur d'autres espace comme une fromage de gruyère. Les Etats- Unis perforent environ 2000 puits par an sur un même espace géologique et 500 /600 puits peuvent donner 28 milliards de mètres cubes gazeux. Or, en Algérie même au niveau du gaz/pétrole traditionnel, il n' pas jamais été atteint 200 puits. Selon le chef de département d'analyse des bassins du groupe Sonatrach, lors du workshop international sur le gaz de schiste, les coûts de réalisation d'un forage pour l'exploitation du gaz de schiste en Algérie varient entre 10 et 15 millions de dollars, alors qu'aux USA le cout moyen d'un puits varie entre 5 à 7 millions de dollars. Aussi la commercialisation pour l'Algérie ne pourrait se faire, selon le Ministre de l'Energie pas avant 2020/2025, supposant une parfaite maitrise technologique afin de réduire les couts. Par ailleurs, outre la maitrise technologique, dont il conviendra d'inclure dans le cout par l'achat du savoir faire, l'avantage de certains pays comme les USA c'est la disponibilité d'un réseau de transport de gaz pratiquement sur l'ensemble du territoire en plus du fait que les gisements ne sont pas profonds. Qu'en sera-t-il des coûts des canalisations additionnels pour l'Algérie ? La rentabilité dépend donc de l'évolution future du prix de cession du gaz sur le marché international qui est actuellement bas sur le marché libre avec la révolution du gaz non conventionnel, ce cours ayant légèrement remonté entre 2011-2012 après la catastrophe nucléaire japonaise. C'est que la gestion de l'exploitation est complexe, les forages perdant 80% de la productivité au bout de 5 ans, à moins de technologies nouvelles. Sans compter la maitrise technologique qui demande une formation pointue dans la ressource humaine, inexistante en Algérie. La question de la rentabilité renvoie à la carte énergétique mondiale, à la consommation énergétique mondiale horizon 2030/2040 tenant compte également des coûts des énergies renouvelables qui peuvent décroitre si les investissements sont massifs. A moyen terme, bien qu'élastique, le prix du gaz ne va pas s'effondrer. L'épisode de Fukushima et la volonté affichée par certains de sortir du nucléaire, la dynamique des pays émergents gros consommateurs d'énergie, s'ils maintiennent l'actuel modèle, ce qui n'est pas évident , peuvent soutenir la demande de gaz conventionnel et non conventionnel . Pour l'Algérie l'on doit impérativement protéger l'environnement d'où l'importance de centres de formation recrutant en priorité la population du Sud qui doivent être impliquées pour une éventuelle exploitation. Ainsi se pose l'opportunité par des grands groupes internationaux de l'exploitation du gaz schistes avec la règle restrictive imposée par le gouvernement algérien des 49/51%. La reformulation de la loi des hydrocarbures permettra-t-elle de relancer l'exploration sur des bases opérationnelles ? A moins et comme cela se passe pour la majorité des entreprises publiques structurellement déficitaires, le Trésor supporte les surcouts d'exploitation du gaz schistes sachant qu'il a consacré plus de 60 milliards entre 1991/2013. Pour autant, 70% des entreprises sont revenues à la case de départ. 4- Dialogue social et nouveau modèle de consommation énergétique L'Algérie doit impérativement penser à un nouveau modèle de consommation énergétique relevant du Conseil National de l'Energie qui doit être réactivé, Sonatrach étant une entreprise commerciale(1). Concernant le pétrole-gaz de schiste, il doit répondre à trois critères : la protection de l'environnement, éviter toute pollution de l'eau, le prix de cession de l'exploitation du pétrole-gaz de schiste devant impérativement couvrir les couts avec une marge de profit raisonnable. Selon le Ministère de l'Energie la commercialité n'est pas pour demain, peut être horizon 2020/2025. La plus grande réserve de gaz et de pétrole pour l'Algérie, ce sont les économies d'énergie pouvant aller à 15/20%, pouvant économiser au vu de la consommation actuelle 4 milliards de mètres cubes gazeux par an et cumulé horizon 2015/2030, avec une progression arithmétique plus de 90/100 milliards de mètres cubes gazeux. Et dans ce cadre comment ne pas rappeler que le coût actuel du projet Galsi d'environ 4 milliards de dollars concerne seulement 8 milliards de mètres cubes gazeux. Cela implique de revoir notamment les politiques actuelles désuètes de l'habitat et du transport et un large débat national sur les subventions actuellement non ciblées source de gaspillage et de fuites de produits hors des frontières. Selon les rapports internationaux, l'Algérie consacrerait, en 2011 et en 2012, l'équivalent de 11% de son PIB au soutien des prix de l'énergie, environ 4% du PIB à l'éducation et 6% à la santé.Pour avoir connu très bien cette région, notamment Ouargla, Ghardaïa, El Goléa et In Salah, en tant qu'officier d'administration de la route de l'unité africaine durant les années 1972/1973, c'est une population paisible, ouverte au dialogue et profondément attachée à l'unité nationale. Aussi, il y a lieu d'éviter les débats stériles, pour ou contre et d'associer les populations à la décision ne pouvant imposer par la force, surtout pour ce cas précis, au sein d'une région qui connait des tensions géostratégiques, d'éviter une décision centralisée sans concertation, supposant une autre gouvernance tant centrale que locale. D'une manière générale, il y a urgence de penser au futur modèle de consommation énergétique, (le Mix énergétique), ce qui nécessite des arbitrages de politique économique : énergies fossiles classiques -pétrole/gaz conventionnel, gaz/pétrole non conventionnel, énergie nucléaireÒ à des fins civiles et énergies renouvelables. Selon la banque d'Algérie, 2013 où le montant prélevé au niveau du fonds de régulation des recettes(FRR) a été de 70,2 milliards de dinars alors que durant les neuf mois de l'année 2014, le montant a été de 757,10 milliards de dinars soit environ 10 milliards de dollars et les réserves de change (or non compris) se ont été évaluées à 185,273 milliards de dollars à la fin septembre contre 193,269 à la fin juin. Pourtant, je n'ai pas attendu le récent rapport de la banque d'Algérie pour attirer l'attention des pouvoirs publics depuis des années qu'il faut cesser de dépenser sans compter , ne pouvant pas avoir une recette de 50/60 milliards de dollars au cours de 70/80 dollars ( moins au cours de 60/70) avec une sortie de capitaux, biens -services - transferts légaux de profits des compagnies étrangères allant vers 75/80 milliards de dollars. Environ 65% des importations étant liées à la dépense publique à ce rythme, le fonds de régulation des recettes fondra dans moins de deux années et les réserves de change s'épuiseront horizon 2020. En bref, un dialogue constructif au profit des intérêts supérieurs de l'Algérie est nécessaire, en étant conscient que l'énergie est un des facteurs déterminants de la sécurité nationale. (Suite et fin)