Si la mesure d'exception annoncée, a été bien accueillie, elle suscite des craintes sur les libertés individuelles, mais aussi des interrogations sur son utilité. Huit jours après l'attentat de Sousse qui a coûté la vie à 38 touristes, le président tunisien, Caïd Essebsi, a décrété samedi l'état d'urgence sur tout le territoire pour une période de 30 jours, qui pourra être renouvelée. Une mesure d'exception décidée «au vu des dangers qui menacent le pays», a expliqué le chef de l'Etat qui a déclaré que la Tunisie était entrée dans une «guerre d'un genre spécial». La mesure, si elle est comprise et globalement acceptée dans le pays, réveille de douloureux souvenirs et suscite des inquiétudes quant au maintien des libertés individuelles. Cette situation, les Tunisiens la connaissent bien puisque le pays a déjà vécu plus de trois ans sous état d'urgence, entre janvier 2011 - quelques heures avant la fuite du dictateur Zine El Abidine Ben Ali dans la foulée du soulèvement qui a lancé le «Printemps arabe» - et mars 2014. Selon Libération, le président Essebsi a longtemps hésité avant de proclamer cet état d'urgence et ce sont des proches qui l'auraient incité à le faire au lendemain de l'attentat du Bardo, en mars dernier. Le quotidien rappelle par ailleurs que c'est la quatrième fois que le pays est placé en état d'urgence. En 1978, il a été imposé pour réprimer un mouvement de grève d'ampleur du puissant syndicat UGTT. En 1983, c'était pour réprimer une contestation sociale, appelée «l'émeute du pain». Et donc, la dernière fois, entre 2011 et 2014 après la fuite de Ben Ali. Aujourd'hui, il s'agit de lutter contre le terrorisme, mais pas uniquement. Concrètement, qu'est-ce que cela va changer dans le climat actuel ?