La projection du film, Opération Maillot, en avant première, attendue depuis quelques mois, a eu lieu jeudi en soirée en présence d'une assistance fort nombreuse. Venant, certes avec au moins un demi-siècle de retard, le film relatant le geste qu'avait osé Henri Maillot le 04 avril 1956 n'est pas moins un événement culturel et mémoriel d'une importance capitale aux yeux de tous ceux pour qui l'engagement de militants d'origine européenne et plus particulièrement pieds noirs a été tout simplement héroïque. Réalisé par Okacha Touita sur un scénario de ce dernier et de Nadia Char, le long métrage est produit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) qui a recouru pour la production exécutive à Lunja Production. Le plus gros des scènes se déroulent à Alger et surtout dans les monts forestiers de l'est de la sous préfecture d'Orléanville (El Asnam), appelée Chlef depuis le début des années 80). La distribution est partagée entre des acteurs français et algériens, Martin Pautard jouant le rôle du jeune aspirant de l'armée coloniale Henri Maillot et Menad M'Barek celui du chef de groupe du maquis rouge, en l'occurrence Abdelkader Babou qui était membre du bureau politique du PCA entré en clandestinité. Communiste, ami d'enfance de Fernand Yveton, autre jeune pied noir exécuté à Serkadji pour le punir pour son militantisme anti colonial, Maillot, était très actif dans les rangs du parti communiste algérien (PCA). Conscrit avec grade d'aspirant dans l'armée répressive et déjà révolté par le sort fait aux algériens, il n'a pas hésité à déserter en emportant un camion chargé d'armes et de munition. La désertion, le détournement du camion, le lieu où ont été cachées les armes en attendant leur acheminement vers les maquis ainsi que la planque de Maillot sont menés à bien par des militants algérois du PCA qui recourent entre autres à des femmes d'origine juive et européennes. Les autorités coloniales et leur presse chargèrent l'aspirant de tous les noms « félon » traître » etc. Les armes comme le déserteur disparurent à Alger et ses environs. Henri Maillot rejoignit le petit groupe de maquisards organisés dans les « Combattants de la liberté, la branche armée créée par le Parti communiste algérien. Quelques jours auparavant Maurice Laban un autre algérien d'origine pieds noirs qui avait fait le coup de feu dans les Brigades internationales durant la guerre d'Espagne arrive dans le maquis. Au moment où il recevait une petite partie des armes et des munitions détournées par maillot, le groupe de maquisards est repéré par les hommes de bachagha Boualem un gros propriétaire terrien qui entretenait des supplétifs pour terroriser la population en aidant l'armée française. Le bachagha appelle en renfort l'armée coloniale qui débarque sa troupe dans les monts du Dahra pour traquer et décimer le groupe dont les membres ne connaissaient pas encore le terrain, n'étaient pas entrainés au maniement des armes et n'avaient pas eu le temps de tisser des liens avec la population locale. Blessé mais pris vivant, Maillot est torturé avant d'être exécuté. Il rend l'âme en criant « vive l'Algérie indépendante ! » Le ramadhan serait-il pour quelque chose ? Ni Maillot qui est le sujet principal du film, ni le groupe de maquisards, ni les acteurs n'ont été correctement présentés. C'est tout juste si Yvette la sœur d'Henri Maillot a été invitée à monter sur scène.