«C'est au nom des présidents de 12 associations de wilayas des malades diabétiques que je parle : nous sommes contre la limitation d'achats aux diabétiques d'une seule boîte de bandelettes servant au contrôle de taux de glycémie», c'est par ces propos que Mohamed Mokri président de l'association des diabétiques de la wilaya de Boumerdès s'est exprimé au cours d'une conférence de presse pour dénoncer la note du ministère de l'Emploi en collaboration avec la Cnas et la Casnos pour la limitation du remboursement à une boîte de 50 bandelettes tous les trois mois pour les diabétiques. Le président de l'ADWB qualifie «d'illégitime» cette décision administrative qui veut se substituer à une appréciation médicale. «Nous n'avons été ni associés ni consultés et encore moins les praticiens. D'ailleurs, certains professeurs en médecine ont relevé le danger d'une pareille décision pour la santé des malades.» Il a également rappelé que lors du congrès de 1996, la gratuité des médicaments pour les diabétiques a été formellement paraphée par les ministères de la Santé, celui de l'Emploi et celui de la Solidarité nationale.» Alors pourquoi, ce recul au moment des avancées notables ont été effectuées ?», s'interroge-t-il. En effet, la politique d'austérité ne saurait justifier une pareille décision. S'il y a des économies à faire, c'est à un autre niveau qu'il faut sévir. Le président de cette association très active va même accuser certains cercles d'abuser pour leur propre compte «de prises en charge douteuses à l'étranger». En fait, tous les malades défendent le principe que la décision doit rester purement médicale. C'est au médecin traitant d'apprécier le nombre de boîtes et de bandelettes dont a besoin son patient. Des malades ont apporté un témoignage concret. Un sexagénaire révélera à l'assistance qu'étant un diabétique de type 2, il doit impérativement effectuer au moins trois fois un contrôle glycémique sous peine de faire une hypoglycémie pouvant menacer sa vie. Donc, un simple calcul permet d'estimer qu'il a besoin de trois boîtes par mois à raison de 1 800 DA la boîte. La note incriminée ne lui rembourserait alors qu'une seule boîte tous les trois mois ! Une aberration. Sachant que ce sont souvent des malades démunis (nécessiteux, smicards, retraités) qui ont d'autres besoins médicaux ( médicaments, analyses, etc.) qui sont touchés par cette mesure. Mais le plus étonnant dans cette affaire, c'est que la décision n'émane pas du ministère de la Santé, premier habilité à se prononcer. Autre conséquence : les hôpitaux seront dans un proche avenir submergé par des diabétiques demandant des contrôles du taux de sucre dans le sang. Ce qui va à contre-sens des réformes qui cherchent à soulager les urgences et autres services hospitaliers. De plus, le test trimestriel HBA 1 qui porte sur la glycémie, durant les trois derniers mois, pose problème en raison du manque de réactifs. Ainsi, cette note enfonce plus les diabétiques dans un quotidien stressant alors que le moral d'un malade est la clé du traitement en sus de l'hygiène alimentaire et de vie. Les personnes âgées ne peuvent même pas pratiquer une activité physique quand il s'agit d'hyperglycémie. L'hypoglycémie est encore plus dangereuse tant le malade doit maintenir le taux de sucre dans le sang à un niveau modéré. Alors pourquoi une note aussi contradictoire ? En tous cas, les prochaines semaines verront sûrement la montée au créneau des associations de malades diabétiques qui s'apprêtent à créer une fédération nationale des malades diabétiques bis d'ici novembre prochain. Elles déplorent le blocage et l'inertie de l'ancienne fédération dont le mandat a expiré depuis trois ans déjà mais qui n'a vu aucun renouvellement ni activité. Le ministère de la Santé doit intervenir rapidement s'il ne veut pas hériter d'une situation catastrophique qui touche, au bas mot, le tiers de la population des malades chroniques.