A la suite de l'Arabie saoudite, le Soudan a rompu, lundi 4 janvier, ses relations diplomatiques avec l'Iran. Il condamnait l'attaque de l'ambassade saoudienne à Téhéran dans la nuit de samedi à dimanche par des partisans radicaux du régime, qui protestaient contre l'exécution en Arabie saoudite de l'opposant et clerc chiite Nimr Baqer Al-Nimr. Le Soudan s'affichait ainsi parmi les alliés les plus réactifs de l'Arabie saoudite, avec Bahreïn, les Emirats arabes unis (EAU) et le Koweït dans le conflit qui oppose la monarchie arabe sunnite à son rival régional chiite. L'Iran perd ainsi officiellement sa principale porte d'entrée sur le continent africain, au profit de l'Arabie saoudite, qui a promis, en novembre 2015, des milliards de dollars d'investissements dans l'agriculture et la construction de barrages hydroélectriques au Soudan. La fragilité économique du Soudan, sous sanctions américaines et embargo depuis 1997, conjuguée à une solidarité religieuse sunnite et à une nouvelle alliance militaro-politique avec la monarchie saoudienne a poussé Omar Al-Bachir à abandonner son alliance avec Téhéran née dans les années 1990. «C'est un simple geste de consolidation des relations avec l'Arabie saoudite, précise un officiel soudanais joint à Khartoum. Les liens entre le Soudan et l'Iran ont été largement amplifiés par l'Occident pour justifier les attaques contre le Soudan et les sanctions économiques, mais notre partenaire privilégié est bel et bien l'Arabie saoudite.» Le Soudan est le seul Etat africain à avoir déployé des soldats au sol dans la coalition arabe sunnite à la tête de laquelle Riyad mène une guerre au Yémen depuis le mois de mars 2015 : un conflit explicitement présenté comme une lutte contre l'influence de l'Iran dans la région. Plusieurs centaines de soldats soudanais combattent les miliciens houtistes, d'obédience zaïdite (une branche du chiisme), qui ont poussé le président yéménite Abd Rabo Mansour Hadi en exil. Riyad les perçoit comme une tête de pont iranienne à sa frontière. Pour financer cet effort de guerre, Khartoum a annoncé que sa Banque centrale avait reçu en dépôt un milliard de dollars (932 millions d'euros) de l'Arabie saoudite en août 2015. Téhéran, lui, s'est abstenu de réagir le jour même à la rupture diplomatique soudanaise. Mais un porte-parole du gouvernement iranien dénonçait mardi le suivisme des «vassaux» de l'Arabie saoudite, et ironisait sur la présence de Djibouti dans ce front du boycottage, qui reste pour l'heure modeste. Après l'accord international sur son programme nucléaire conclu en juillet 2015 à Vienne, l'Iran attend pour le début de l'année la levée de l'essentiel des sanctions internationales qui ont durement grevé son économie depuis 2011.