Les militaires israéliens se préparent à une longue période d'instabilité en Syrie, qui pourrait faire le jeu à la fois de l'Etat islamique et du Hezbollah, allié de Bachar el-Assad. Pour faire face à une situation anarchique, le commandement de la région militaire nord a mis sur pied une unité de liaison chargée des contacts avec les habitants dans la partie du plateau du Golan sous contrôle syrien. Cette unité prendra en charge la fourniture de l'aide «humanitaire» et médicale pour les Syriens blessés au cours de combats. Quelque 2 000 d'entre eux ont été traités depuis le début de la guerre civile, en 2011, dans des hôpitaux israéliens. La nouvelle unité sera également responsable de la logistique et surtout des relations avec les notables des localités situées sur le plateau du Golan ou à proximité, en particulier les villages druzes. Le vice-ministre israélien du Développement du Néguev et de la Galilée, Ayoub Kara, de confession druze, a révélé qu'il s'était rendu à plusieurs reprises secrètement en Syrie ces derniers mois. Le modèle de «coopération» pourrait être le même que celui utilisé par Tsahal dans le sud du Liban à partir de 1976. Tout avait débuté par une unité d'aide humanitaire, avant la création d'une «zone de sécurité» et de l'Armée du Liban Sud (ALS) entraînée, armée et équipée par Israël. Au moment du retrait israélien du sud du Liban en 2000, cette unité surnommée Yakal (acronyme en hébreu pour Unité de liaison avec le Liban) était devenue une division sous le commandement d'un brigadier général, qui assurait les besoins de la population libanaise locale, fournissait des munitions à des milliers de miliciens. En Syrie, les liens créés avec les habitants du Golan, notamment dans la région de Kuneitra, visent avant tout à empêcher une extension des combats dans les territoires contrôlés par Israël. Cette assistance est essentiellement destinée aux combattants de l'Armée syrienne libre, considérés comme des modérés. Mais, selon des commentateurs militaires, Israël a également établi des liens discrets avec le Front al-Nosra, la branche d'al-Qaïda en Syrie, qui s'est pour le moment abstenue de la moindre attaque contre l'Etat hébreu, tout en menant des combats contre Daech. Le Hezbollah et les Gardiens de la révolution iraniens présents en Syrie constituent pour Israël la principale menace. Mais les militaires israéliens surveillent également de près les activités de la brigade des Martyrs de Yarmouk, un groupe djihadiste affilié à Daech, qui a réussi à recruter des habitants de villages situés au sud du Golan. Cette organisation a menacé à plusieurs reprises d'utiliser contre Israël des armes chimiques récupérées dans des stocks de l'armée syrienne.