Que font les mauvais payeurs, quand ils ne veulent pas s'acquitter de leurs dettes ? Bien évidemment, la guerre à leurs créanciers. Les règles du commerce en Asie et dans le Pacifique doivent être écrites par l'Amérique, pas par la Chine. C'est ce qu'affirme en tout cas le président Obama, dans un article d'opinion où il en appelle à la ratification rapide du très controversé (y compris aux Etats-Unis) TPP. «C'est l'Amérique qui doit dicter les règles. C'est l'Amérique qui dirige le bal. Ce sont les autres pays qui doivent obéir aux règles prescrites par l'Amérique et ses partenaires et non pas l'inverse», vient d'écrire le Président, dans un article qu'il a fait publier par le Washington Post. Il y défend le Trans Pacific Partnership (TPP) un «accord» de libre-échange signé en février par 12 nations du bassin du Pacifique. Les législateurs US doivent encore le ratifier et le président estime que cela doit être fait aussi rapidement que possible. «La région Asie-Pacifique continuera son intégration économique avec ou sans les Etats-Unis. Nous pouvons prendre la tête de ce processus où nous pouvons nous asseoir sur la ligne de touche et regarder passer la prospérité», a-t-il déclaré, désignant la Chine comme une menace majeure pour le TPP. «Pendant que nous bavardons, la Chine est en train de négocier un accord de commerce qui risque de mettre en coupe réglée, à nos dépens, quelques-uns des marchés en expansion la plus rapide du monde, donc de mettre en danger nos emplois, nos affaires et nos biens.» La Chine prône un traité alternatif appelé RCEP (Regional Comprehensive Economic Partnership, soit « Partenariat Economique Régional Polyvalent »), qui concernerait quelques-uns des alliés les plus proches des USA dans la région, tels que l'Australie, la Corée du Sud et le Japon. Le RCEP ne s'aligne pas sur les intérêts US comme le fait le TTP, dit Obama, décrivant le TTP comme «un contrat commercial qui se préoccupe des ouvriers américains d'abord et qui fait en sorte que ce soit nous qui dictions les règles du commerce au XXIe siècle». Ce qu'on reproche surtout au TTP, c'est de protéger les droits des grandes corporations d'abord, au détriment des nations et des citoyens. Une fois mis en place, il conduirait à la dérégulation de beaucoup de secteurs des affaires, y compris ceux qui sont les plus essentiels au bien-être des gens et aux droits humains, tels par exemple, que les produits pharmaceutiques et le prélèvement de droits d'auteur sur les documents et les œuvres numériques. Les critiques estiment aussi qu'il compromettrait les droits du travail et l'environnement. La signature de l'accord a suscité des manifestations de protestation en masses dans les pays concernés, Etats-Unis inclus. Des préoccupations similaires se sont fait jour à propos d'autres accords de libre-commerce en faveur desquels l'administration Obama exerce pression maximale. C'est le cas du TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) entre les USA et l'UE. Cela dit, Greenpeace-Nederland a révélé des textes de négociation classés confidentiels, qui, dit l'organisation, démasquent la vraie nature du TTIP, qui n'est rien d'autre qu'«un énorme transfert de pouvoir des peuples au big business». Certains officiels européens s'étaient déjà plaints que Washington voulait que le contrat fournisse des conditions préférentielles aux compagnies américaines et ne voulait pas entendre parler de compromis.