Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a insisté, hier à Tizi-Ouzou, sur la nécessité de revoir la carte universitaire actuelle. L'université, a indiqué Tahar Hadjar, doit être partie prenante du développement de la wilaya ou de la région et, avoir une vision locale et régionale, ainsi que nationale. S'exprimant lors d'une rencontre avec les représentants des partenaires sociaux, enseignants, étudiants et administration, le ministre s'est interrogé sur l'opportunité de «démultiplier» la même formation dans plusieurs universités au niveau régional qu'il considère une perte. «On est en train de disperser nos moyens», a-t-il dit mettant en avant une mauvaise utilisation des ressources humaines et de moyens matériels. M. Hadjar a estimé qu'il est préférable d'avoir un laboratoire au standard international doté de tous les moyens humains et matériels en lieu et place au niveau de nombreuses universités, à l'échelle régionale. «Si on continue comme ça on va vers la catastrophe», a poursuivi l'hôte de la ville des Genêts. Surtout que, a-t-il fait observer, on est obligé de revoir même le système d'enseignement. Le ministre a mis en avant l'incapacité du marché de l'emploi à l'échelle nationale à absorber le flux annuel de diplômés en master, deux cent mille (200 000), qu'il considère comme une bombe à retardement pour le pays. «On va vers un problème sérieux qu'il faut prendre en charge avec courage», a-t-il dit, rappelant l'urgence d'aller vers la révision du système d'enseignement actuel. Auparavant, M. Hadjar, accompagné des autorités locales civiles et militaires de la wilaya, à leur tête le wali, M. Bouderbali, a présidé la cérémonie d'ouverture des travaux d'un colloque international sur «l'enseignement à distance entre théorie et pratique : Expérience du modèle algérien», qui s'est déroulé à l'auditorium du campus Hasnaoua de l'université Mouloud-Mammeri (UMM TO). Dans une brève allocution, l'hôte de la ville des Genêts a rappelé que l'enseignement à distance figure parmi les objectifs stratégiques du ministère de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique, soulignant l'importance de l'introduction de l'enseignement à distance au niveau des universités du pays. Ce type d'enseignement, a-t-il indiqué, permettra d'atténuer la pression que subissent ces universités mais aussi et surtout d'en finir avec les inégalités qui subsistent entre ces dernières, notamment entre celles du Nord et du Sud du pays, en matière de la qualité des enseignements prodigués. Ce nouveau système, a-t-il fait observer encore, est destiné aux étudiants inscrits à l'université et contraints de rejoindre les bancs de l'université par leur travail ou par d'autres préoccupations. «L'enseignement à distance arrangera les étudiants qui ne sont pas en mesure de se déplacer pour diverses raisons », a-t-il expliqué. Ce nouveau mode d'enseignement permettra également, selon le ministre, de résorber le manque d'enseignants dans certaines universités. L'enseignement universitaire à distance est introduit durant l'année universitaire en cours dans le cursus de graduation (mastère), a rappelé le ministre, précisant que cette opération pilote qui constitue «un appui à l'enseignement présentiel» est lancée au niveau de cinq établissements universitaires, à savoir, Alger 1, Alger 3, Blida 2, Constantine 1 et Oran1. Pour cette première expérience, ils sont près de 5 000 étudiants, à avoir choisi ce nouveau mode d'enseignement à travers les cinq universités sus-citées. «A la fin de la présente année universitaire, il sera procédé à l'évaluation de ce nouveau mode d'enseignement», a-t-il poursuivi, en attendant la généralisation de ce système sur l'ensemble du territoire.